L'Allemagne espionne elle aussi
18 août 2014
La Frankfurter Allgemeine Zeitung se demande si la devise de la chancelière Angela Merkel, « on ne doit pas s’espionner entre amis », s’applique aussi à la Turquie. Car cela fait longtemps que le Premier ministre sortant et futur président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne se comporte plus comme un ami envers Berlin. De plus, il se passe beaucoup de choses en Turquie qui ont des conséquences pour la sécurité de l’Allemagne. Par exemple le fait que la plupart des extrémistes qui ont rejoint les rangs de l’ « Etat islamique » en Irak et en Syrie se sont infiltrés dans ces pays par la longue frontière turque.
Die Welt tient à différencier les récentes affaires d’espionnage : dans le cas de Hillary Clinton, Berlin n’a pas réalisé des écoutes téléphoniques systématiques et dans un but précis, comme l’a fait la NSA, les services secrets américains, avec le téléphone portable de la chancelière Merkel. Dans le cas de la Turquie, il faut reconnaître qu’un partenaire de l’Otan qui cherche à entrer dans l’Union européenne n’est pas forcément un ami proche. La relation avec les Etats-Unis entre dans une autre catégorie.
La Rheinische Post de Düsseldorf dénonce au contraire la double morale du gouvernement allemand, qui nuit à sa crédibilité. Les Allemands ont un service de renseignement et il faut espérer que celui-ci fait son travail, qui consiste aussi à recueillir des informations importantes. Les autres pays font de l’espionnage. Nous aussi. Inutile de le nier.
La Süddeusche Zeitung se demande si les informations obtenues par espionnage valaient vraiment la peine. Les partenaires de la Turquie ont vraiment besoin d’elle actuellement. Les convois d’aide pour les Yézidis et les chrétiens en Irak passent par la Turquie et le pays a accueilli plus d’un million et demi de réfugiés syriens et des milliers d’Irakiens, qui se seraient sinon dirigés vers l’Europe. Les djihadistes se sont déjà dangereusement rapprochés de la frontière turque. Et l’Otan compte sur l’armée turque pour protéger cette frontière, aussi dans l’intérêt de l’Europe. Autant de raisons pour qu’Ankara et Berlin améliorent enfin leurs relations.