A Labé, nombreux sont ceux qui se méfient de la transition
25 avril 2023Au marché, autour du thé, dans les bars… partout à Labé, le sujet est au bout des lèvres. "Ce n'est pas seulement organiser les élections et une transition", dit Moussa Bah, habitant du quartier Daka 1, apprécie la transition militaire que conduit le colonel Mamadi Doumbouya. "La transition, elle évolue normalement. Nous avons de l'espoir que la Guinée va évoluer beaucoup plus."
A quand la fin de la transition ?
Mais comme la plupart des personnes interrogées, Sally Bilaly Sow ne partage pas l'avis de Moussa. Le jeune journaliste et activiste, lui, soupçonne plutôt les militaires de vouloir rester au pouvoir :
"A cette date, je ne vois pas d'actes qui me font croire que nous allons bientôt sortir de cette transition. On est beaucoup plus dans le sensationnel, dans une optique de présenter un bilan aux Guinéens, alors qu'ils sont justement censés proposer des pistes de solution mais aussi faciliter un retour rapide à l'ordre constitutionnel."
Peu de place pour les voix discordantes
Depuis plus de huit mois, plusieurs leaders du Front national pour la défense de Constitution, le FNDC, sont en détention et dans l'attente de leur jugement à la prison centrale de Conakry.
Oumar Sadio Diallo, membre de la société civile de Labé, dénonce un musellement de l'opposition par le Conseil national pour le rassemblement et le développement, la junte militaire au pouvoir depuis le coup d'Etat de septembre 2021.
"Aujourd'hui, nous vivons dans un pays où dire ce que tu penses risque de t'enfermer des mois sans avoir de procès. C'est ce que nos camarades sont en train de vivre. Je vais citer par exemple Ibrahima Diallo, Foniké Menguè et Billo..."
Billo c'est Mahamadou Billo Bah, interpelé l'été dernier en même temps que Foniké Menguè. Tous deux sont membres du FNDC. Ibrahima Diallo, lui aussi incarcéré, est le coordonnateur du mouvement Tournons la page.
Fossé entre les générations
Enseignant de carrière, Alpha Oumar Diallo, de son côté, voit avec les militaires au pouvoir un retour en force de certains ‘'idéologues nostalgiques'' de la dictature de Sékou Touré, entre 1958 et 1984.
"C'est un peu compliqué pour nous autres de penser que ceux qui n'ont pas vécu au temps de Sékou soient autant nostalgiques, en essayant de réhabiliter le système."
Fief de Cellou Dalein Diallo
La ville de Labé c'est aussi et surtout le fief de l'opposant Cellou Dalein Diallo, président de l'Union des forces démocratique de Guinée (UFDG) et actuellement en exil.
Younoussa Balde, responsable de la jeunesse de l'UFDG, réclame que la transition militaire prenne une autre direction : "Nous estimons au jour d'aujourd'hui qu'il est plus que nécessaire de rectifier la transition, revenir sur les engagements initiaux du CNRD [Conseil national du rassemblement pour le développement, NDLR], rassurer les acteurs politiques à tous les niveaux, pour que tout le monde s'implique dans la gestion de la transition."