Sahel : la justice face aux crimes contre les civils
6 décembre 2021Alors que le Mali observe depuis dimanche (05.12.2021), un nouveau deuil national de trois jours après la mort d’une trentaine de personnes tuées vendredi (03.12. 2021) par des djihadistes présumés dans la région de Mopti, dans le centre du pays, les familles des victimes et les ONG de droits de l'homme espèrent que la justice va donner une suite aux crimes perpétrés contre les populations civiles.
Plus de 800 civils tués
Le massacre commis vendredi près de Bandiagara dans le centre du Mali, dans la région de Mopti, montre bien que les populations civiles sont désormais les grandes victimes de l’insécurité qui prévaut au Mali et dans le Sahel.
Selon Human Rights Watch (HRW), ce sont plus de 800 civils qui ont été tués dans cette région depuis le début de cette année 2021.
"On a documenté plus de 800 civils tués depuis le début de l’année dans le Sahel, c'est-à-dire au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Cela est très inquiétant. Les groupes (djihadistes) ont enlevé beaucoup de gens et ont même violé des femmes et brûlé des vllages. On a l’impression que ces groupes mènent une guerre contre les populations civiles", estime Corinne Dufka, directrice adjointe de la division Afrique de Human Rights Watch qui parle d’une "guerre contre les populations civiles".
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Aider l'Etat malien
Même si l’on ignore pour l’instant l’identité du groupe qui a commis le massacre de Bandiagara et ses motivations, le gouvernement malien a dans un communiqué, annoncé que "toutes les mesures seraient prises pour arrêter et punir les auteurs de cet acte ignoble et tragique".
Pour Madani Koumaré, activiste malien des droits de l’homme, il faut justement encourager l’Etat malien à rendre justice aux victimes de ces massacres.
"L’Etat malien, vous le savez, est parmi les plus fragiles aujourd’hui dans le monde. Pour qu’il y ait une suite judiciaire, il faut soutenir l’Etat. Par tous ceux qui sont présents en ce moment au Mali en vue de la stabilisation du pays. Il y a des législations au Mali qui prévoient des réparations pour ces victimes. Il faut appliquer ces législations et notre devoir c’est de veiller à leur application", explique Madani Koumaré.
La CPI suit de près
Quant à Mahamadou Dianka chercheur au Centre de recherche d'analyses politiques, économiques et sociales, il pense que la justice internationale devrait entrer en action.
"Il y a les mécanismes de justice transitionnelle en cours qui s’occupent de ces dossiers. Il y a aussi la CPI qui doit se saisir de ces dossiers, de ces crimes. Même si l’on ne peut pour l’instant mettre la main sur ces bandits, il faut tout de même ouvrir des enquêtes pour que, quand la paix sera de retour, qu’on puisse se pencher sur ces crimes. Il s’agit de civils lâchement massacrés", dit le chercheur.
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Les défenseurs de droits de l’homme se veulent optimistes. Pour eux, Si Ahmad Al Faqi Al Mahdi, djihadiste malien, a été condamné en 2016 à la prison par la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir détruit des mausolées de Tombouctou, ce ne sont pas ceux qui auraient commis des crimes qui pourront échapper à la justice.
La CPI que nous avons jointe, dit suivre de près toutes ces violations des droits de l’homme au Mali et dans le Sahel.
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