La guerre des sexes fait rage en Europe
19 novembre 2012Revenons un instant sur l'élection présidentielle aux Etats-Unis et la réélection de Barack Obama. Vous ne vous êtes pas demandé pourquoi cette élection intéressait autant le monde ? Parce que les Etats-Unis sont la première puissance économique et militaire du monde ? Oui, bien sûr, c'est évident. Mais ce n'est pas tout. Si les Etats-Unis intéressent autant le reste du monde, si l'Amérique est autant aimée ou autant détestée c'est parce qu'elle possède ce levier incroyablement efficace qui est l'influence culturelle, la diffusion planétaire de ses principes. C'est ce soft power qui fait la différence, cette part de rêve que l'Amérique possède et que l'Europe n'a pas.
Non, l'Europe ne fait pas rêver. Non, l'Europe n'est pas sexy. Vous imaginez un pareil déploiement de médias du monde entier pour couvrir les élections du Parlement européen ou la nomination du prochain président de la Commission ? Vous imaginez les reporters se battre dans l'attente du dernier discours de Mr Van Rompuy, le président du Conseil européen ? D'ailleurs, Herman van Rompuy n'aime pas les grands discours, il préfère les haikus, ces courts poèmes japonais que personne ne comprend. Formidable pour mieux communiquer.
Amateur de haikus
Van Rompuy souffre bien entendu de la comparaison avec Barack Obama. Pourquoi donc nos hommes et femmes politiques ne parviennent pas à se hisser à la hauteur du glamour et du charme de leurs homologues américains. Je sais ce que vous pensez : Bush s'étranglant avec son bretzel ce n'était pas glamour. D'accord. Mais Reagan, Clinton, Obama : quelle différence de classe tout de même avec Hollande, Rajoy, Prodi ou Merkel que la presse anglo-saxonne, fourbement, surnomme « too little and too late : trop peu et trop tard », en référence à la lenteur de ses décisions.
Mais il y a une exception tout de même ! Ce n'est pas Berlusconi et ses fresques sexuelles qui font passer Clinton pour un moine chartreux. Ce n'est pas non plus David Cameron qui veut claquer la porte de l'Europe. Non, c'est Tony Blair, l'ancien Premier ministre britannique. Il fut d'ailleurs un temps pressenti pour devenir président du Conseil à la place d'Herman van Rompuy. Avant d'être écarté car il était justement trop charismatique. Donc un grand merci à Mme Merkel et Mr Sarkozy qui ont préféré un inconnu, Mr van Rompuy, pour personnaliser l'Europe. Quel coup de maître ! Un amateur de haikus. Autant se faire hara-kiri tout de suite.
Une femme pour superviser les banques
Nous allons donc parler des femmes. Petit rappel des épisodes précédents. Pour protester contre l'absence de femmes au sein du directoire de la Banque centrale européenne, le Parlement européen a rejeté la candidature du Luxembourgeois Yves Mersch. Son avis n'était que consultatif mais il embarrasse beaucoup les États membres qui peuvent difficilement se moquer de l'avis du seul organe de l'Union européenne élu directement.
Deuxième épisode de cette saga : Paris et Berlin avancent un compromis qui consisterait à nommer une femme à la tête du futur organe de supervision bancaire européen. Un superviseur qui devrait être logé justement au sein de la Banque centrale européenne.
Alors, ce compromis est-il acceptable et peut-il enfin faire évoluer ce monde de vieux messieurs en costumes gris ? C'est la question que nous avons posée à Sophia in't Veld. Elle est eurodéputée écologiste, néerlandaise et membre de la Commission des femmes et de l'égalité des genres du Parlement européen.
Femmes d'Europe
Nous poursuivons donc sur ce thème des femmes. Chaque année, depuis 1991, le réseau « Mouvement Européen Allemagne », soutenu notamment par la Commission Européenne, remet le prix « Femmes d'Europe » à une femme s'engageant bénévolement pour une Europe plus unie et plus forte.
Cette année, c'est Jasmina Prpic qui a obtenu le trophée. Bosniaque émigrée en Allemagne il y a 20 ans pour fuir la guerre en Yougoslavie, elle travaille depuis des années à améliorer la situation des femmes et des immigrés en Europe et dans le monde.
Isabelle Hartmann dresse son portrait.