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La culture, victime collatérale du putsch au Niger

Elisabeth Asen
1 décembre 2023

La coopération culturelle entre le Niger et la France souffre depuis le coup d’Etat militaire, notamment avec la fermeture du Centre culturel franco-nigérien.

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L'artiste Hamed Guissa devant une peinture symbolisant la paix
Les établissements du Centre culturel franco-nigérien Jean Rouch se trouvent à Niamey et à ZinderImage : Mahamadou Hamidou/REUTERS

Au Niger, les relations politiques tendues entre Paris et Niamey ont des conséquences dans le domaine de la culture. Après que Paris a annoncé la fermeture du Centre culturel franco-nigérien à la suite du putsch du 26 juillet dernier, les militaires au pouvoir ont dénoncé l’accord bilatéral de 1977 qui définit la mission de ce lieu dédié à la promotion de la culture. 

Les victimes de ces querelles politiques sont les jeunes Nigériens qui suivaient des cours de français, mais aussi de langues nationales, dans ce centre culturel installé à Niamey et Zinder. 

Cette fermeture est aussi regrettée aussi dans les milieux artistiques et culturels au Niger. 

Le Centre culturel franco-nigérien Jean Rouch (CCFN) était l'un des plus importants centres culturels de Niamey. Il avait l’habitude d’abriter un grand nombre d'événements culturels comme des expositions d'art, des concerts, des projections de films ou des conférences.

De Niamey à Zinder 

De nombreux jeunes Nigériens y venaient pour apprendre le français, le haoussa ou le zarma, mais aussi pour emprunter des livres à la bibliothèque de l’établissement.

La fermeture de ce centre culturel a été une déception pour la population nigérienne qui ne possède pas beaucoup d’espaces de loisirs.

Des manifestants tiennent une pancarte "A bas la France, vive le CNSP"
Les manifestants favorables aux putschistes ont dénoncé la présence de la France au Niger, en août 2023Image : Stringer/Reuters

Selon Ali Modibo, ancien directeur artistique de ce centre culturel, "c’est une frustration chez les artistes dans différentes disciplines. Pour les jeunes, c’était vraiment aussi leur point focal par rapport à la documentation recherchée qui concernait leurs travaux académiques, le monde scolaire en général, et puis pour les chercheurs également. C’était un joyau où pouvait se retrouver tout le monde."

Le Centre culturel franco-nigérien Jean Rouch dispose de deux établissements dans le pays : un dans la capitale Niamey et l'autre à Zinder, la deuxième ville du pays, proche du Nigeria.

Tutelle conjointe du Niger et de la France 

Ces structures qui ont vu défiler de nombreuses générations d’artistes ont été fermées de façon unilatérale, après le 26 juillet, par les autorités françaises.

C’est ensuite par voie de courrier que les autorités militaires nigériennes ont informé la France de leur souhait de dénoncer l’accord bilatéral définissant le statut du Centre culturel franco-nigérien Jean Rouch. 

Ce centre, créé en 1963, est une institution binationale placée sous la tutelle conjointe du ministère nigérien de la Culture et du ministère français des Affaires étrangères. Il est administré par un conseil paritaire et a pour but de diffuser et promouvoir la culture des deux pays.

Le général Abdourahamane Tiani prononce un discours
Le général Abdourahamane Tiani dirige le Niger depuis fin juillet. Des membres de la famille du président nigérien renversé, Mohamed Bazoum, disent être sans nouvelles de luiImage : ORTN/Télé Sahel/AFP

Indignation des artistes 

Les règles de sa gestion ont été fixées par un accord de 1977 auquel la junte veut mettre fin. Paris n’a pas encore répondu au courrier des autorités nigériennes, mais les producteurs de contenus audiovisuels et cinématographiques du Niger espèrent que ce centre finira par rouvrir. 

Elhadj Mohammad Kabir, président de l’Association nigérienne de la promotion artistique et culturelle, estime que la solution serait de nationaliser cet établissement. 

Pour lui, "le centre culturel nigérien est différent des autres centres culturels de la sous-région. Il a été créé à la fois par le gouvernement du Niger et celui de la France et est financé annuellement par les deux parties. L’espoir qu’on peut fonder est aller vers la nationalisation de ce centre."

Depuis le début de la crise au Niger, la France a annoncé la suspension de tout projet de coopération avec les artistes du pays. Ce qui a aussi suscité l’indignation des acteurs du spectacle vivant.