080708 Olympia Medien
28 juillet 2008Jiang Xiaoyu est un homme puissant. Il est vice-président du comité d'organisation pékinois pour les Jeux Olympiques. Lorsqu'en mars, des manifestants ont perturbé le parcours de la flamme olympique, on pouvait entendre Jiang Xiaoyu dire que les Jeux étaient un évènement sportif et qu'il ne fallait pas les mélanger avec la politique.
Il y a sept ans, la Chine tenait pourtant un tout autre discours : Pékin avait justement lié sa candidature avec des objectifs politiques précis. Les Jeux devaient non seulement permettre le développement de la capitale mais aussi celui de la société. Les médias étrangers devaient par ailleurs pouvoir travailler en toute liberté. Paul Steiger, du comité américain pour la protection des journalistes :
"En ce qui concerne les déclarations publiques, les assurances données par le CIO et par la Chine étaient claires. La Chine s'engageait à assouplir les restrictions pour les médias, avant, pendant et après les Jeux."
Et effectivement les règles ont été assouplies mais seulement pour les journalistes étrangers.
Depuis le 1er janvier 2007, ils peuvent effectuer leurs recherches dans toute la Chine, ils sont autorisés à réaliser des interviews avec pour seul accord, celui de la personne concernée. Leur travail a été rendu plus facile, du moins sur le papier : nombreux sont ceux qui affirment subir encore des intimidations et des pressions diverses.
L'absence de couverture médiatique au moment des émeutes anti-chinoises au Tibet, en mars dernier, a été la preuve la plus flagrante de ce décalage entre les mesures prises ou promises et la réalité : plusieurs correspondants étrangers ont tout simplement été expulsés de la région. Et encore sont-ils relativement bien lotis, comparé aux journalistes chinois. Zhang Yu de l'organisation chinoise PEN, une organisation qui lutte pour la liberté d'expression :
"Pour les journalistes chinois, c'est devenu encore pire. Comme pour tous les grands évènements, le département de la propagande du parti promulgue des directives pour nous expliquer comment il faut travailler. Les journalistes chinois sont, par ce biais là, encore plus sévèrement contrôlés. On ne peut pas travailler librement !. Ceux qui travaillent de manière un tant soit peu indépendante ont des ennuis. Pour certains, plus les Jeux approchent, plus les difficultés s'accroissent. Il y en a qui perdent leur travail, d'autres qui atterrissent en prison, d'autres encore se retrouvent devant les tribunaux"
Cela fait neuf ans maintenant que la Chine détient le triste record mondial du plus grand nombre de journalistes emprisonné. En ce moment, ils sont au moins vingt-six à croupir dans les prisons du pays.