La Centrafrique change de tête
25 mars 2013Les rebelles de la Séléka ont réussi à chasser du pouvoir le président François Bozizé. Un temps annoncé en RDC, c’est finalement au Cameroun que le président déchu a posé ses valises.
Selon des sources proches des services de sécurité camerounais, c’est à bord d’un hélicoptère de la présidence centrafricaine que François Bozizé, accompagné de son aide de camp, a atterri dimanche vers 19h00 TU à l'aérodrome de Batouri, dans l'est du Cameroun. Toujours selon ces sources, il devrait dans les jours à venir rejoindre sa famille qui a quant à elle trouvé refuge en RDC.
Les objectifs de la Séléka
François Bozizé parti, les nouveaux maîtres de Bangui n’ont pas mis de temps pour afficher leurs intentions. Leur chef, Michel Djetodia (voir photo ci-dessus) qui s’est autoproclamé président a promis de respecter l’accord signé en janvier dernier à Libreville et censé mettre un terme à la crise-militaro politique dans le pays.
Il a indiqué qu’il maintiendrait dans ses fonctions l’actuel Premier ministre Nicolas Tiangaye et organiserait une élection présidentielle dans un délai de trois ans. Et la classe politique centrafricaine semble se satisfaire de ces engagements.
Co-responsabilité de la classe politique
Pour de nombreux observateurs, ainsi que de nombreux Centrafricains, ce coup de force apparaît en effet comme un nouvel échec pour une classe politique incapable de relever le défi de la démocratisation du pays. Depuis 1965, date du premier coup d’État qui a renversé David Dacko, la Centrafrique s’est installée dans une certaine instabilité avec des coups d’États à répétions. Aujourd’hui, les nouvelles autorités promettent des élections d'ici trois ans pour installer un régime démocratique. Mais, à Bangui, il y a longtemps que l’on ne croit plus à ces promesses.
En 2003, quand il chassait Ange-Félix Patassé du pouvoir, François Bozizé avait tenu le même discours. La suite, on la connaît. Une démocratie en panne et un coup d’État à la clé. Patrice Zemoniako est journaliste. Il pense que la gestion des ressources pétrolières de leur région d'origine fait partie des mobile des rebelles qui ont renversé François Bozizé (écoutez-le ci-dessous).
Réactions internationales
L’Union africaine a annoncé aujourd’hui la suspension de la Centrafrique de ses rangs et des sanctions à l’encontre de sept responsables de la rébellion qui a pris le pouvoir (écoutez ci-dessous Ramta Lamamra, du Conseil de paix et de sécurité de l'UA).
L’Afrique du Sud, par la voix de son président, dit rejeter toutes les tentatives de prise de pouvoir par la force. L’Afrique du Sud est d’autant plus indignée qu’elle a perdu au moins 13 de ses soldats qui tentaient de défendre le régime de François Bozizé.
Autre réaction, celle de l'Union européenne qui qualifie d'"inacceptable" la prise du pouvoir par les rebelles. La crise en Centrafrique est ce soir au centre d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. Ban Ki-moon a dénoncé ce changement de pouvoir par la force.