Qui est Kemi Seba et que lui reproche-t-on ?
16 octobre 2024Kemi Seba, qui est conseiller spécial du chef du régime militaire au pouvoir à Niamey, le général Abdourahamane Tiani, dispose depuis début août d'un passeport diplomatique du Niger. Il avait un visa Shengen lui permettant de circuler dans l'Union européenne, selon ses proches. Panafricanisme, antisémitisme, racisme, misogynie... quand on cherche des informations au sujet de Kemi Seba, ce sont des mots qui reviennent régulièrement.
"Un défenseur des droits des noirs"
De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Kemi Seba, âgé de 42 ans, est connu pour être le président de l'ONG Urgences panafricanistes. Sur son site internet, cette ONG est présentée comme une organisation de "défense des droits des noirs, spécialisée sur les questions relatives à la souveraineté, au néocolonialisme et à la promotion de la justice sociale".
L'organisation mène entre autres des actions contre le Franc CFA et les bases militaires occidentales en Afrique.
Mais Kemi Seba est un personnage qui divise.
Pour certains, il est un panafricaniste convaincu qui lutte contre l'influence néocoloniale de la France en Afrique. Il a organisé à de nombreuses reprises des manifestations contre le franc CFA en Afrique qu'il qualifie de " scandale économico-politique d'ordre colonial". En 2017, il sera par exemple interpellé à Dakar, au Sénégal, pour avoir brûlé un billet de 5.000 francs CFA lors d'un rassemblement.
Mais pour d'autres, Kemi Seba est un agitateur qui tient des propos antisémites et racistes.
"Antisémite et raciste"
En France, il s'est notamment fait connaître, au début des années 2000, en tant que fondateur de la Tribu Ka, un groupuscule prônant le suprémacisme noir qui sera dissout en 2006, à la suite d'une expédition de plusieurs de ses membres au cœur d'un quartier juif de Paris.
Kemi Seba a été condamné, en avril 2009, à huit mois de prison avec sursis pour provocation à la haine raciale. La justice française a sanctionné des écrits où il affirmait que la Banque mondiale, le FMI ou l'Organisation mondiale de la santé étaient "tenues par les sionistes qui imposent à l'Afrique des conditions de vie tellement excrémentielles que le camp de concentration d'Auschwitz peut paraître comme un paradis sur terre".
Kemi Seba s'est par ailleurs vu retirer sa nationalité française et avait en réponse brûlé publiquement son passeport français. Selon plusieurs sources, il s'est rapproché ces dernières années de régimes autoritaires comme la Russie.
Il a par exemple été accusé, en 2023, par le député Renaissance Thomas Gassilloud, alors président de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, d'être un "relais de la propagande russe" et de servir "une puissance étrangère qui alimente le sentiment antifrançais".
Le motif évoqué pour sa récente arrestation à Paris est d'ailleurs, selon son avocat, maître Juan Branco, "intelligence avec une puissance étrangère en vue de susciter des hostilités ou des actes d'agression contre la France", une infraction criminelle passible de 30 ans d'emprisonnement.