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8 juin 2010En trois jours, dix-sept soldats de l'Otan ont été tués en Afghanistan, dont au moins onze Américains et un Français. On ignore encore la nationalité des hommes tués mardi par l'explosion d'une bombe artisanale.
Ces bombes sont une véritable plaie pour les forces internationales et l'armée afghane. Les taliban ne cessent de les perfectionner. Depuis le début de l'année, 247 soldats de l'Otan sont morts, pas seulement à cause de ces bombes, mais aussi dans des affrontements. Et avec l'augmentation des effectifs, qui doivent être portés à 150.000 hommes cet été, le bilan risque de s'alourdir encore.
D'autant plus que l'Otan est engagée dans une offensive à Kandahar, dans le sud, berceau des taliban. Et les combats s'annoncent difficiles. Les insurgés sont loin d'être affaiblis. Au contraire, ils se permettent même des contre-offensives.
En finir avec la guerre
Ces pertes surviennent alors qu'un changement de stratégie est en train de s'opérer à Kaboul. Le président Hamid Karzai a réuni la semaine dernière une "jirga de la paix" - une assemblée de paix - pour discuter avec un certain nombre d'autorités locales, intellectuelles et internationales d'un éventuel plan de paix avec les taliban, en l'absence de ces derniers.
Neuf ans après l'intervention américaine qui a chassé les taliban du pouvoir, l'option militaire semble montrer ses limites. À Kaboul, on penche désormais pour la discussion pour mettre fin au conflit. La "jirga" de la semaine passée a abouti à plusieurs propositions et notamment le réexamen des dossiers de centaines de prisonniers soupçonnés de liens avec les insurgés.
Si un tel plan de paix devait voir le jour, les taliban seraient en position de force, après avoir réussi à mettre en échec les Américains et leurs alliés. Qu'ils décident de discuter, ou qu'ils refusent, ils ont tout intérêt à maintenir la pression militaire.
Du côté de la société civile afghane, on s'inquiète déjà des concessions qu'il faudra faire pour parvenir à réintégrer les taliban qui, au temps de leur domination, voulaient soumettre tous les aspects de la vie quotidienne à une vision ultra-rigoriste de l'islam.
Auteur : Sébastien Martineau
Édition : Georges Ibrahim Tounkara