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"Revenons à la paix, soyons constructifs pour le pays"

Jean-Fernand Koena
17 mai 2023

Interview avec Jean Willybiro Sako, ministre d’Etat en charge du Désarmement, de la Démobilisation et de la Réinsertion (DDR) sur l'Accord politique pour la paix et la réconciliation, APPR en RCA et sur Joseph Kony et ses hommes de la LRA.

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Quatre ans après l’accord de paix négocié à Khartoum, au Soudan, entre Bangui et une dizaine de groupes armés, le processus de paix a du plomb dans l’aile. Certains groupes armés se sont autodissous et d'autres se radicalisent au sein de la Coalition des patriotes pour le changement, la CPC. Malgré tout, le gouvernement se montre optimiste, même si un nouveau groupe armé vient de se créer à l’extrême est du pays. Jean Willybiro Sako, ministre d’Etat en charge du Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) répond aux questions de notre correspondant Jean-Fernand Koena.

DW : Monsieur le ministre, que reste-t-il aujourd'hui de l'Accord politique pour la paix et la réconciliation, l'APPR ?

Jean Willybiro Sako : L’APPR est ce grand organe que tous reconnaissent aujourd'hui, que ce soit au niveau du gouvernement, de la communauté internationale, l'APPR est reconnue comme cet organe qui nous permettrait aujourd'hui de cheminer vers la paix. Les organes qui ont été mis en place, qu'il s'agisse du comité exécutif et de suivi, qu'il s'agisse du comité de mise en œuvre au niveau national et au niveau des préfectures, travaillent. Les résultats sont là.

DW : Mais ces résultats, c'est quoi exactement ?

Jean Willybiro Sako : Les résultats sont là. Avec ce cadre de dialogue permanent qui a été mis en place, où tous les groupes armés viennent retrouver les responsables de l’APPR, retrouver les responsables du DDR et échangent avec eux. Ces échanges ont été importants et nous avons vu que grâce à la l’APPR, non seulement on n'a pas attendu que tout ce que les partenaires des pays de la sous-région ont décidé de mettre en place pour accompagner la RCA se mette en place. On a vu qu'il y a déjà des avancées. Il y a des dissidents qui ont décidé qu' il est inutile de continuer avec les armes, revenons à la paix, revenons à être constructifs et positifs dans le pays. C'est pourquoi aujourd'hui, vous voyez ce que l'APPR a pu faire grâce au dialogue qu'il a établi avec les groupes armés indépendamment des sanctions éventuelles qui auraient pu être prises contre ces groupes armés par le facilitateur. Eh bien, aujourd'hui, les résultats sont là avec la dissolution de près de neuf groupes armés déjà qui ont décidé de cesser définitivement avec la guerre. Donc les résultats sont là. C'est une épreuve de longue haleine. Nous allons continuer, nous allons continuer à œuvrer pour que tout ce qui est en train d'être fait au niveau de la mutualisation de la feuille de route de Luanda et de l'APPR puissent également être complétés. Des représentants des autres pays sont déjà venus à deux reprises nous rencontrer pour échanger. Donc, nous continuons à faire avancer les choses.

Le président Faustin Archange Touadéra
Le président Faustin Archange Touadéra Image : Nacer Talel/AA/picture alliance

DW : Un phénomène qui échappe au contrôle de l’APPR, c'est le phénomène AZANDE à l'extrême est de la République centrafricaine. Comment comptez-vous faire face à cette situation ?

Jean Willybiro Sako : Je l'apprends comme vous que c'est un phénomène récent qui qui se crée. J'ai été à Zemio, j'ai des missions qui ont été à Obo, à Mboki. Nous savions qu'il y avait quelques éléments de l’UPC qui étaient là-bas. Ces éléments ont décidé de déposer les armes. Donc il y a eu des avancées positives à ce niveau. Et quand certains éléments de l'UPC qui ont déposé les armes avaient décidé d'aller se réarmer pour revenir encore constituer de nouveaux groupes, eh bien, la population s'était mobilisée et était celle qui, au-delà même des forces armées et de la gendarmerie, a pu faire procéder à l'arrestation de ceux-là.

DW : Vous voulez parler des miliciens de AZANDE ?

Jean Willybiro Sako : Je ne sais pas quelle est la finalité qu'ils recherchent, mais nous allons travailler  avec le préfet, avec toutes les autorités locales, savoir vraiment ce qui a été fait. Il y a des organes de l'Etat qui sont là. Qu'on fasse confiance à l'avancement de ce que le gouvernement est en train de faire et nous trouverons des solutions définitives à tous les problèmes de la région.

DW : Vous avez pris langue avec la LRA pour leur démobilisation. Aujourd'hui, où en est-on avec le processus ? Qu'est-ce qu'on sait aujourd'hui de Joseph Kony qui est leur leader ?

Jean Willybiro Sako : De Joseph Kony, je voudrais vous dire que malgré les les recherches d'informations que j'ai faites sur le terrain, nous n'avions pas eu vraiment d'autres précisions sur sa position actuelle. Est-il vivant ? N'est-il plus plus vivant ? Je ne sais pas. Mais nous avons rencontré les éléments du groupe armé de la LRA qui aujourd'hui pour la plupart, ont décidé de cesser les hostilités et de se mettre aux travaux champêtres. Nous avons rencontré les principaux responsables et au vu de ce qui a été fait, d'autres qui se trouvaient même en RDC sont revenus et ont accepté de déposer les armes et attendent actuellement les solutions que nous sommes en train de négocier, de rechercher avec les affaires étrangères, avec leur pays d'origine qui est l'Ouganda, pour trouver une solution définitive à leur rapatriement. Parce que ce sont tous des étrangers et nous devons trouver des solutions. Nous allons continuer les négociations pour trouver une solution définitive en ce qui les concerne.