Notre correspondant en Grèce a été agressé à Athènes
20 janvier 2020Notre collègue a reçu des coups, dimanche, lors d'une manifestation qui a réuni quelques 370 manifestants parmi lesquels des membres du parti d'extrême droite "Aube dorée", qui ont participé à ce rassemblement ponctué d'incidents sur la place Syntagma.
C'était la première manifestation après que le procureur général a demandé l'acquittement des politiciens impliqués dans le meurtre du rappeur Pavlos Fyssos, poignardé à mort devant un bar par un supporter de Chrysi Avgi en 2013.
Dans cette affaire, outre le chef du parti Michaloliakos, près de 70 autres accusés sont en procès, accusés du meurtre du rappeur ainsi que d'autres actes de violence et d'appartenance à une organisation criminelle.
Joint au téléphone, notre collègue explique : "Ma collègue Angélique Kourounis et moi-même, en tant que co-auteur, avons réalisé le documentaire 'Aube dorée - une affaire personnelle'. Et depuis trois ans, nous travaillons sur la suite intitulée : 'Aube dorée - et maintenant ?'."
Thomas Iacobi explique qu'en filmant la manifestation sur la place Syntagma, il a remarqué un groupe d'une dizaine de jeunes hommes qui s'étaient détachés de la foule et s'étaient approchés de lui. Lorsqu'on lui a demandé s'il était bien Thomas Iacobi, il a répondu par l'affirmative et ces agresseurs ont commencé à le rouer de coups.
Notre correspondant a déposé une plainte devant la justice après sa sortie d'hôpital, mais il doit se rendre à d'autres rendez-vous médicaux dans un avenir proche. Selon ses propres déclarations, il va bien, à part un oeil au beurre noir, des écorchures sur le nez et des maux de tête.
"Je ne me laisserai pas intimider", dit Thomas Iacobi, avant de poursuivre : "Il est également important de montrer que vous êtes présent. Et ce n'est pas moi qui ai tort parce que je suis allé à la manifestation. Ce sont ceux qui m'ont attaqué qui ont tort."
"Nous sommes consternés et bien obligés de constater avec stupeur que les journalistes sont de plus en plus exposés à la violence et aux menaces", a indiqué pour sa part Ines Pohl, la rédactrice en chef de DW.
"Bien que l'État de droit garantisse la protection des journalistes et punisse les violences, comme récemment dans le cas de Jan Kuciak, nous notons avec regret que nous sommes de plus en plus confrontés à une culture de l'intolérance aussi au sein de l'UE", a-t-elle poursuivi.
"La liberté d'opinion ne doit pas être restreinte; c'est ce en faveur de quoi nous, Deutsche Welle, nous engageons avec force", a déclaré Ines Pohl.