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Iran : Hassan Rohani un président sans pouvoir

Georges Ibrahim Tounkara17 juin 2013

Elu avec 50,6 % des suffrages, lors du scrutin du 14 juin dernier, Hassan Rohani est considéré comme modéré. Il suscite de réels espoirs au sein des chancelleries occidentales. Mais sa marge de manœuvre est très limitée.

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Image : Mehr

Hassan Rohani a été élu face à cinq autres candidats dont des conservateurs. Cette  victoire  marque le retour des réformateurs et des modérés au pouvoir et suscite beaucoup d'espoirs aussi bien à l'intérieur de l'Iran qu'au plan international où l'on espère des avancées dans les discussions sur le programme nucléaire iranien. Au cours de sa campagne électorale, Hassan Rohani avait promis de tout mettre en œuvre en vue d'améliorer les relations entre l'Iran et les pays occidentaux et surtout de parvenir à la levée des sanctions internationales qui frappent durement son pays.

Réactions positives

Pour le ministre allemand des affaires étrangères, Guido Westerwelle, le nouveau président iranien a un mandat clair et une grande responsabilité à l'égard de ses électeurs.

La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, se dit disposée à collaborer avec le nouveau chef d'Etat iranien, en vue de trouver une solution diplomatique rapide au différend sur le programme nucléaire de son pays.

Mais, de quelle marge de manœuvre disposera le nouveau président iranien ? Sadegh Zibakalam est politologue à l'Université de Téhéran :

« Nous ne devons pas nous laisser aveugler par ce succès. Les véritables leviers du pouvoir seront toujours aux mains des conservateurs. Cependant, ils ont en effet perdu une partie de ce pouvoir au profit des forces du changement »

Le Guide suprême, véritable maître du jeu

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Ali Khamenei, l'homme qui détient les vrais pouvoirsImage : Sajad Safari/AFP/Getty Images

En Iran, c'est en effet le Guide suprême qui décide, pas le président. Selon la Constitution, le Guide "définit les grandes politiques du régime de la République islamique et les supervise". Il détient le pouvoir d'organiser un référendum, de déclarer la guerre ou d'annoncer la paix.

Ses pouvoirs en matière militaire sont particulièrement importants. Chef des armées, il décrète la mobilisation générale, nomme les principaux responsables militaires notamment des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du pays. Il peut aussi "démettre le président en tenant compte des intérêts du pays après un avis de la Cour suprême ou d'un vote de défiance du Parlement.

Pour Mohammad Nourizad  cineaste iranien et critique du régime, l'élection d'un réformateur obéit aussi à des considérations d'ordre stratégique :

« Face à l'isolement international du pays, le Guide suprême Ali Khamenei et le  chef des « Gardiens de la révolution », sont dans l'impasse. Et c'est ainsi qu'ils ont créé les conditions nécessaires pour que quelqu'un, comme Rohani leur ouvre de nouvelles portes. »

Au titre des pouvoirs dont dispose le président, celui de faire appliquer la constitution. Et c'est dans ce sens qu'il a promis pendant sa campagne électorale de faire libérer  tous les prisonniers politiques arrêtés en 2009 au lendemain de la dernière présidentielle.