Inates est aussi meurtrie par l'assassinat de ses chefs
16 décembre 2019Inates, dans la région de Tillabéri, a rompu avec le quotidien paisible qui la caractérisait dans un passé récent.
Depuis le mois de juillet, 1.394 personnes ont quitté le chef-lieu de la commune rurale. Des villages aux alentours se sont également vidés de leur population.
Ces déplacements ont été provoqués par une série de meurtres de chefs coutumiers.
Entre mai 2018 et juillet 2019, sept chefs de villages ont été ainsi assassinés, dont le chef de groupement d’Inates et son remplaçant.
D’autres ont pu s’échapper comme Hassane Abdoulaye, chef du village d’Agay Peulh. Pour lui, l’objectif de ces meurtres est de vider les villages :
"Je pense qu’ils ne veulent pas de nos villages, ils préfèrent nous voir errer dans la nature. Car à Agay Peulh, nous avons toutes les infrastructures sociales de base, à l’exception d’une case de santé".
L’identité des assassins demeure toujours inconnue et cette série de meurtres non élucidés est à la base de la psychose qui a fait fuir Hama Bahiyo et Ibrahim Iska.
"Nous n’avons aucune précision sur ce phénomène et même si nous savions de quoi il s’agit, nous ne resterions pas ici à subir toutes les misères du monde. Nous avons tellement eu peur que même aujourd’hui, à cause du traumatisme, je ne pense pas pouvoir rester ici. On a vécu l’horreur".
Pour le vice-maire d’Inates, Alhamdou Issalak, il est encore difficile de connaître les motifs de ces assassinats.
Mais il pense que certains groupes armés ont intérêt à entretenir la terreur pour se présenter ensuite comme les seuls capables d’assurer la sécurité.
"On veut peut-être s’attaquer à une tribu ou une ethnie qui ira ensuite chercher protection auprès des mêmes gens (qui ont créé la peur). Et cette protection sera conditionnée par le recrutement ou peut-être autre chose" explique le vice-maire d’Inates.
Fuite des populations
Aujourd’hui, Inates est en passe de devenir une zone où plus personne ne peut vivre en raison de l’insécurité.
Aucun effort crédible de reconstitution des villages abandonnés n’est engagé, ni même une enquête sérieuse n’est lancée pour trouver les commanditaires et les exécutants de ce projet funeste.
Inates sombre, au grand bonheur de ses bourreaux et au grand désarroi de sa population impuissante. La ville d’Ayorou a vu au cours des dernières semaines arriver près 2.700 personnes venues des villages de la commune rurale d’Inates.