"La photo de Trump va influencer la campagne américaine"
15 juillet 2024L'image a fait le tour du monde : celle d'un Donald Trump, le visage ensanglanté, le poing brandi vers le haut, drapeau américain dans le dos, entouré de membres des services secrets qui le protègent après la tentative d'assassinat contre lui. Une photo prise juste après les tirs, samedi dernier, dont la portée pourrait être grande dans les mois à venir. Beaucoup d‘observateurs estiment que cela pourrait lui servir dans la campagne présidentielle en cours.
"Seul Dieu a empêché l'impensable de se produire", dit lui-même Donald Trump en revenant sur la tentative d'attentat, se présentant presque comme une figure christique. Sa photo le poing levé est pour lui un vrai cadeau : celle d'un homme à terre, touché par balle, qui se relève et repart au combat.
"Cela montre encore une fois comment il a appris la politique", analyse ce lundi Cathryn Clüver Ashbrook, politologue germano-américaine sur la radio publiqueallemande Deutschlandfunk. "Ca ne s'est pas fait par le biais des campagnes électorales et des congrès de partis, comme on le connaît traditionnellement dans la vie politique américaine ou européenne, mais sur la scène des émissions de télé-réalité."
Cette observatrice avisée revient sur le moment de la photo de Donald Trump le point levé. "On l'entend dire aux services secrets qui l'entourent juste après les tirs : « Attendez une minute ! ». Il se débat pour se libérer un espace entre les agents, il prend son temps, tend le bras vers le haut et crie « Fight, Fight » à ses partisans. C'est l'école de télévision par laquelle Donald Trump est passé. Et il sait que dans une campagne électorale américaine, le poids des images est beaucoup, beaucoup plus important que tout ce qui est dit."
Convaincre les indécis
Alors que cinq à sept millions d'Américains seraient encore indécis sur leur vote lors de la présidentielle de novembre, cette image pourrait jouer un rôle décisif. "Cela va clairement influencer la campagne électorale", assure, comme beaucoup d'autres, l'experte des relations transatlantiques. "Ce sera avant tout un événement historique pour les Américains, ou le restera, car c'est déjà historique." Elle compare la photo de Donald Trump à celles de la tentative d‘assassinat de Reagan ou de l'assassinat de Robert F. Kennedy, le frère du président, qui a également été blessé par balle pendant la campagne électorale et qui a succombé à ses blessures. "Cela va marquer les prochains mois et cela influence déjà la stratégie de la campagne électorale, tant du côté républicain que du côté démocrate."
Un candidat omniprésent
Des démocrates qui se retrouvent presque spectateurs de la campagne depuis 72h. La semaine dernière, tout le monde ne parlait que desbourdes et lapsus de Joe Biden, 81 ans. Depuis samedi soir, les caméras sont tournées sur Donald Trump. Après l'attentat contre lui, on s'intéresse désormais à la convention de son parti jusqu'à mercredi, qui doit le consacrer officiellement candidat.
"Cela lui donne surtout une longueur d'avance, car ces trois prochains jours vont le mettre en avant dans les médias, notamment après cette terrible tentative d'attentat. Aucun média ne pourra faire autrement que de suivre cela", prédit Cathryn Clüver Ashbrook. "Cela va obliger le président Biden et les démocrates à réfléchir encore une fois aux changements de stratégie qu'ils peuvent encore mettre en place dans cette campagne."
Des démocrates d'ailleurs déjà pris pour cibles par certains responsables et électeurs républicains. Ils n'hésitent pas, depuis le week-end, dernier à faire porter la responsabilité de la tentative d'assassinat à Joe Biden le président sortant, directement. "La rhétorique consistant à présenter Trump comme un fasciste autoritaire qu'il faut arrêter à tout prix conduit à de tels actes", disent des proches de Donald Trump, qui n'ont certainement pas fini de capitaliser sur l'événement.