Haïti en proie à des violences, l'ONU s'alarme
7 juillet 2023Lors d'un des premiers épisodes marquants en avril, un groupe de civils s'était emparé de plusieurs membres de gangs détenus par la police, avant de les battre à mort et de brûler leur corps dans la rue.
Ces "justiciers autoproclamés" "ajoutent un nouveau niveau de complexité", s'est inquiétée hier Maria Isabel Salvador, la représentante de l'Onu pour Haïti, devant le Conseil de sécurité.
Il faut dire que cela fait des mois que ce pays pauvre des Caraïbes fait face à une véritable crise humanitaire, politique et sécuritaire, avec des gangs qui contrôlent une majorité du territoire de la capitale, Port-au-Prince, terrorisant la population en multipliant assassinats, enlèvements et viols.
Les Etats-Unis et la Chine opposés sur le mode d'intervention
En octobre dernier, Antonio Guterres, le secrétaire général de l'Onu, avait relayé l'appel du gouvernement haïtien pour une force d'intervention internationale.
Depuis, si quelques pays ont indiqué être prêts à participer, aucun ne s'est porté volontaire pour prendre la tête d'une telle opération dans un pays historiquement échaudé par de multiples interventions étrangères.
Si hier, lors de la réunion du Conseil de Sécurité de l'Onu, les Etats-Unis se sont dits "très activement engagés" dans la création d'une telle force internationale, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken évoquant "des pourparlers très actifs avec des pays de la région et d'ailleurs", la Chine appelle quant à elle à une "étude plus approfondie" de la situation.
Pékin souhaite en effet que le Conseil se concentre en premier lieu sur la lutte contre le trafic d'armes.
Une situation catastrophique
De son côté, Haïti "s'attache à sa demande renouvelée d'une assistance internationale robuste pour appuyer les efforts de la police", a répondu le ministre haïtien des Affaires étrangères, Jean Victor Généus, se disant "flexible et ouvert à toutes les options" pouvant être envisagées par le Conseil.
Car outre la violence, il y a d'autres urgences à gérer en parallèle : près de la moitié de la population, soit 5,2 millions de personnes, a besoin d'assistance humanitaire, dont près de trois millions d'enfants.