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EconomieGuinée

En Guinée, la mine de Simandou détruit le couvert végétal

Avec agences
14 mars 2024

Le nouveau ministre des Mines Bouna Sylla va gérer un secteur qu’il connaît bien alors que des ONG s'inquiètent aussi des répercussions environnementales.

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La mine de Débélen dans la région de Kindia (06.09.2012)
La mine de Simandou va certes faire entrer dans les caisses de l’Etat guinéen mais son impact négatif sur l’environnement est énorme (Photo d’illustration) Image : DW/B. Barry

Au cœur de la forêt qui abrite la plus grande réserve de fer au monde, des camions font des allers-retours depuis que le mégaprojet minier Simandou a été lancé, après près d’une trentaine d’années de négociations.

Non loin de la mine à ciel ouvert, située dans le sud-est de la Guinée, à plus de 600 kilomètres de la capitale Conakry, un nouveau résident attend le lancement du projet : "J’aimerais être embauché, c’est pour cela que j’ai quitté Conakry pour venir ici."

Le projet, qui représente un investissement de 20 milliards d’euros, est géré en partenariat entre le groupe anglo-australien Rio Tinto, la firme chinoise Chinalco et le Singapourien Winning Consortium Simandou.

Des emplois et des déguerpissements

L’ensemble devrait employer à terme près de 10.000 personnes. 

Outre les revenus que va engendrer la mine de fer de Simandou, la Guinée va profiter d’un port et d’un chemin de fer de plus de 600 kilomètres qui ont été bâtis dans le cadre de ce projet.

Mais Simandou a également forcé des milliers de résidents locaux à quitter leurs villages. Au total, 20.000 personnes seraient concernées.

Ponso, le seul chimpanzé survivant d'une colonie de 20 singes, est assis sur un arbre près de la ville de Grand Lahou (Côte d'Ivoire) le 18 août 2017
Avec le projet Simandou, les chimpanzés sont menacés de disparition Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

Les ONG s'inquiètent aussi des répercussions sur l'environnement. Des zones naturelles ont déjà été endommagées et risquent à terme de disparaître, comme les mangroves et la forêt où vivent 30.000 chimpanzés.

Amadou Ba, directeur de l’ONG Action mines Guinée, explique que "ce projet ne peut être bénéfique pour la Guinée que si les communautés, l’ensemble des parties prenantes y trouvent leur compte. Pour le moment, ce n’est pas le cas".

"A ce jour, chaque entreprise utilise la grille de compensation qu’elle veut, au détriment des personnes impactées sur le terrain."

L’agriculture menacée

Cet agriculteur riverain de la mine dit ainsi n’avoir rien pu cultiver depuis trois ans dans son champ. Il raconte qu’on lui a remis "un paquet de spaghettis" quand il est allé se plaindre.

Mais face aux critiques, le responsable en Guinée de la compagnie anglo-australienne Rio Tinto, Samuel Gahigi, se veut rassurant quant à l’impact environnemental.

Des enfants dans une banlieue de Conakry (Février 2010)
Le projet a entraîne des déplacements de populations Image : DW

Samuel Gahigi indique qu’"on conserve des espèces végétales qui pourront être replantées au fur et à mesure de l'évolution du projet. Le but est de réimplanter la flore, le couvert végétal à l'identique dans les zones qui auront été affectées (par la construction de la mine)".

Une première production de la mine de Simandou est attendue pour 2025. Le potentiel global est estimé à deux milliards de tonnes de fer.