Guinée: le retour de Dadis Camara suscite des attentes
23 décembre 2021"Je suis prêt à me mettre à la disposition de la justice, car personne n'est au-dessus de la loi", a déclaré Dadis Camara en provenance du Burkina Faso où il s'était exilé depuis qu'il a quitté le pouvoir en 2009.
La junte au pouvoir en Guinée a également donné son feu vert pour le retour de l’ancien président Sékouba Konaté, qui était jusque-là aussi en exil au Mali.
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Pour l’analyste politique Kabinet Fofana, c’est une façon de fédérer au maximum pour le chef de la junte Mamadi Doumbouya qui veut se présenter comme un unificateur de la Guinée. "C’est une opération de charme qui ne dit pas son nom et qui s’inscrit dans le continuum des actions de Mamadi Doumbouya. Depuis qu’il est arrivé, il essaye de charmer au maximum. Il va surfer là-dessus, après il faudra voir qu’est-ce que cela va donner parce que toutes ces figures, quelles qu’elles soient sont d’une manière ou d’une autre clivante et cela soulève souvent d’une manière générale des frustrations d’une certaine partie de l’opinion", souligne Kabinet Fofana.
Une position que partage également Ramadan Diallo, enseignant et chercheur consultant en Science politique. "Il y a eu plusieurs actions dans ce sens notamment la visite du cimetière de Bambeto où repose plusieurs personnes tombées pendant les manifestations politiques depuis 2010, ou encore la visite du mont Kakoulima où repose des personnes tuées pendant le régime de Sékou Touré", explique Ramadan Diallo. "Toutes ces actions participent à la même chose, contribuer à l’unité et à la réconciliation des Guinéens qui d’ailleurs est l’une des missions phares égrainées dans la charte de la transition".
Les victimes réclament justice
Il y a lieu de rappeler que le 28 septembre 2009, des militaires avaient tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes dans le stade du 28 septembre, où étaient rassemblés des milliers d'opposants à la candidature à la présidentielle de Moussa Dadis Camara, alors chef de la junte.
Asmaou Diallo est présidente de l'association des victimes parents et amis du 28 septembre 2009 (AVIPA). Pour elle, tous ceux qui ont commis ces crimes doivent répondre de leurs actes devant la justice. "Nous voulons un procès équitable qui ne sera pas une parodie de justice. Nous voulons que tous ceux qui sont inculpés participent à ce procès et que la vérité soit rendue. Ce dossier est très lourd sur la tête des Guinéens, aujourd’hui tout le monde a besoin de ce procès, tout le monde a besoin de savoir ce qui s’est passé parce que ça a été vraiment un carnage ce jour-là (28 septembre 2009). Je suis sûre que la justice pourra être à la hauteur et dire toute la vérité pour les victimes", insiste la présidente de l’AVIPA.
Pour une justice impartiale
Mamadou Taran Diallo, président d’honneur de l’Association guinéenne pour la transparence (AGT), pense de son côté que la justice doit être renforcée pour que les auteurs des crimes soient inculpés. "La Justice guinéenne doit avoir la capacité, les moyens et l’impartialité pour faire en sorte que la lumière soit faite sur d’éventuels commanditaires, donneurs d’ordre et exécutant de ce sinistre massacre du 28 septembre 2009 en Guinée".
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Le 26 novembre dernier, la ministre de la Justice par intérim, Fatoumata Yarie Soumah, a déclaré que le gouvernement se "préparait" à juger les auteurs du massacre de 28 septembre 2009. C’était à l'issue d'une visite de la Cour pénale internationale dans le pays.