Félix Tshisekedi, un "président nommé" selon Martin Fayulu
10 janvier 2019Les heures qui ont suivi la proclamation par la Céni des résultats de la présidentielle ont été marquées par des réactions favorables à l'alternance qui s'annonce au sommet de l'Etat congolais.
Pour la première fois depuis au moins cinq décennies, un président sortant va transférer pacifiquement le pouvoir à son successeur après des élections jugées apaisées par les observateurs. Mais les résultats proclamés ne sont pas acceptés par tous. Même si jusqu'ici, seul un des candidats fait parler de lui.
Dans plusieurs localités du pays, des manifestations violentes ont été signalées ce jeudi (10.01). Des partisans de Martin Fayulu ont notamment montré leur déception à Kisangani dans le nord-est, à Kananga dans le centre et à Kikwit dans l'ouest. Il y aurait eu quatre morts, dont deux policiers et deux civils.
Malgré ces tensions, Martin Fayulu maintient sa position. Ces résultats, explique-t-il au micro de la DW, "sont des résultats qui ne cadrent nullement avec la réalité. Monsieur Félix Tshisekedi a été nommé par la volonté de Monsieur Kabila et nous ne pouvons pas accepter qu'aujourd'hui on fasse un complot contre le peuple. Ce que nous disons, c'est que le peuple doit réclamer sa victoire. C'est la police qui dérange les gens ! Nous avons dit que Monsieur Nangaa supportera seul l'entière responsabilité de tout ce qui arrivera. Il invoque Dieu, mais je ne sais pas de quel Dieu il parle."
Martin Fayulu a annoncé vouloir saisir la Cour constitutionnelle.
Cohabitation en vue
En dépit de la défaite pour le moins surprenante du dauphin désigné du président sortant, Emmanuel Ramazani Shadary, qui n'obtient que 23,8%, le Front Commun pour le Congo (FCC) qui porte sa candidature reste calme.
André-Alain Atundu, porte-parole de ce front pro-Kabila, déclare que "la majorité présidentielle accepte Monsieur Félix Tshisekedi Tshilombo comme le président élu de la République. La réalité électorale, d'après la collecte dans les circonscriptions électorales à travers le pays par notre centrale électorale, nous amène à penser raisonnablement que la majorité présidentielle gardera son statut et son rôle du plus grand ensemble politique du pays au sein de la nouvelle Assemblée nationale avec une majorité confortable qui devrait nous ouvrir une période de cohabitation avec le président élu."
Tshisekedi vers un "partenariat" avec Kabila
Dans le camp du vainqueur déclaré, la page des rivalités semble se tourner. Tout comme Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe salue l'alternance et rend hommage au président sortant Joseph Kabila.
"Le peuple congolais s'est exprimé et nous devons respecter sa volonté !", a-t-il déclaré dans une interview accordée à la DW, en soutenant que "la RDC vient d'entrer dans le cercle du Ghana, dans le cercle du Sénégal, des pays où effectivement l'alternance veut dire que le régime qui est en place concède à un nouveau régime l'alternance démocratique. Nous rendons hommage à Kabila, et comme l'a dit le président Tshisekedi, nous disons qu'il (Kabila, ndlr) est désormais devenu un partenaire."
Marché secret
Un partenariat avec Kabila, voilà qui renforce le candidat Martin Fayulu dans ses soupçons. Le candidat de la coalition "Lamuka" se montre en effet convaincu qu'il y a eu un marché secret qui a permis la victoire déclarée de Félix Tshisekedi.
Mais Vital Kamerhe balaie ces allégations. "S'il y avait eu une rencontre, moi j'assumerais !" a déclaré le président de l'UNC qui soutient fermement "qu'il n'y a pas eu de rencontre. Nous n'avons pas, hélas, été ni en deal, ni en contact avec le président Kabila, ni avec sa famille politique."
Les candidats disposaient d'un délai de 48 heures depuis la proclamation des résultats provisoires par la commission électorale, pour déposer des recours éventuels devant la Cour constitutionnelle.