Des voix demandent la libération de Hissène Habré
6 avril 2020Faut-il libérer Hissène Habré ?
En accordant sa grâce à quelque 2000 détenus fin mars, pour désengorger les prisons à l’approche du Covid-19, le président sénégalais, Macky Sall, a fait renaître l’espoir chez Hissène Habré et tous ceux qui aimeraient voir l’ex-président tchadien recouvrer la liberté.
Dans une lettre ouverte aux autorités sénégalaises, le journaliste et politologue, Babacar Justin Ndiaye, demande que l’ancien président tchadien, incarcéré à la prison du Cap Manuel à Dakar, soit élargi et placé en résidence surveillée.
Une demande que ne partage pas Clément Abaifouta. Le président de l’association des victimes du régime de Hissène Habré estime que l’ancien président vit déjà dans une prison dorée. "Comparativement à ce que Hissène Habré a fait à nous autres, il est lui Habré, dans une prison que j’appelle un eldorado. Il a la télé, la climatisation. Nous, on n’avait pas tout cela" s'indigne le défenseur des victimes de Hissène Habré.
Le 25 mars dernier, la Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, avait plaidé pour la libération urgente de détenus, notamment les délinquants présentant un risque faible, ceux qui sont malades ou très âgés.
Des crimes graves
Hissène Habré est âgé de 79 ans et en mauvaise santé selon ses proches.
Mais cela ne justifie pas qu’il soit libéré, selon Clément Abaifouta qui estime que les crimes dont l’ancien président s’est rendu coupable sont très graves. "Hissène Habré par rapport à tous ces crimes odieux et massifs qu’il a commis, je dis que même si tous les autres doivent être libérés, lui doit continuer à purger sa peine. Hissène Habré n’a pas rempli la décision de justice qui lui demande d’indemniser les victimes. C’est ça l’actualité et non sa libération", explique Clément Abaifouta.
Alioune Tine se dit sensible à l’appel de la Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU. Mais pour l'activiste des droits de l'homme non plus, les auteurs de certains crimes ne devraient pas bénéficier d’une quelconque grâce." Les détenus font partie des personnes vulnérables Je pense qu’il faut quand même des critères par rapport aux crimes qui ont été commis. Certains ont commis des génocides, des tortures, des crimes contre l’humanité. L’impunité n’est pas tolérable par rapport à des crimes de cette nature", estime Alioune Tine.
Reconnu coupable de crimes contre l’humanité, Hissène Habré a été condamné à la prison à perpétuité en 27 avril 2017 par les chambres africaines extraordinaires, un tribunal spécial créé en vertu d’un accord entre l’Union africaine et le Sénégal.
Hissène Habré a dirigé le Tchad d’une main de fer pendant huit ans, de 1982 à 1990 avant d’être chassé du pouvoir par l’actuel président Idriss Déby Itno. Il s’était alors réfugié au Sénégal en décembre 1990, où il a été arrêté le 30 juin 2013.