Elections présidentielle dimanche dans les territoires palestiniens...
6 janvier 2005- Né en 1935 dans une localité qui fait partie aujourd’hui d’ Israel, Mahmoud Abbas et sa famille fuient la guerre de 1948 pour vivre à Damas. Abbas y grandit, s’installe plus tard au Qatar où il devient hommes d’affaires. Puis son chemin croise celui d’un petit groupe de jeunes gens, nationalistes et révolutionnaires, dont l’un d’entre eux, Yasser Arafat, vient de fonder le mouvement du Fatah. Les deux hommes, Abbas et Arafat deviennent des compagnons de lutte pour des décennies. Au début des années 90, Abbas participe aux négociations d’ autonomie avec Israel . Comme Shimon Peres du côté israélien , il plaide du côté palestinien pour la réconcialition entre les peuples voisins. Le fait que le Prix Nobel de la paix ne lui soit pas attribué, le blesse profondément. Autre déception: quand en 2003, il devient Premier ministre, Israel et les Etats-Unis ne coopèrent pas avec lui. Aujourd’hui à 69 ans, Mahmud Abbas, s’apprête donc à prendre en main la destinée de la Palestine. Devant des affiches géantes à l’effigie de Yasser Arafat, Mahmud Abbas se présente aux électeurs comme son héritier politique:
"Nous te promettons que nous ne nous reposerons pas tant que le droit au retour de notre peuple ne soit réalisé et la tragédie des réfugiés prenne fin. Comme tu aimais le dire, nous disons nous aussi : un engagement est un engagement, une promesse une promesse et nous continuerons sur ta voie..."
Extérieurement, le contraste entre Arafat et Abbas ne peut être plus grand : contrairement à l’ancien président , Mahmoud Abbas ne porte pas l’uniforme, mais d’élégants costumes sur mesure, il parle de manière calme et posée et on le dit sensible. A la différence d’ Arafat, il n’est pas marié à la cause palestinienne, et mène une vie de famille.
Si Abbas utilise parfois encore aujourd’hui le terme d’ »ennemi sioniste « pour désigner Israel, il plaide cependant pour le dialogue et la compréhension entre Palestiniens et Israéliens..Dès le départ, Mahmoud Abbas a considéré l’ Intifada, la lutte armée comme une faute. Abbas:
"la mort et la destruction n’apportent rien d’autre que la haine et l’inimitié...et nous ne voulons pas de cela, ni pour notre peuple palestinien, ni pour le peuple israélien".
Mahmud Abbas dort mal ces derniers jours. L’idée d’une écrasante victoire électorale lui vaut des insomnies, apprend - on de ses proches. Abbas redoute que les espoirs placés en lui soient si énormes qu’il risque de ne pas pouvoir les satisfaire...Alors que le "Fatah" a annoncé vouloir poursuivre la lutte armée et que le Hamas et le Jihad islamique ont appelé leurs partisans au boycott du scrutin, on peut en fait s’ interroger si un futur président de l'Autorité palestinienne du nom de Mahmoud Abbas pourra imposer facilement ses vues aux groupes radicaux...Quoiqu'il en soit, si Abbas est élu président (tous les sondages lui accordent une majorité de deux tiers des voix), Israel, les Etats-Unis et l’ Union européenne pourraient enfin lancer une nouvelle tentative pour mettre fin au conflit israélo-palestinien à la table des négociations...
Ph.Pognan