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Drame de Melilla : la version officielle réfutée

11 juillet 2022

Au moins 23 migrants ont péri le mois dernier en tentant de rejoindre la ville espagnole. Des victimes témoignent au micro de la DW.

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Le 24 juin, des migrants ont pris d'assaut le poste frontière entre le Maroc et la ville enclavée espagnole de Melilla
Le 24 juin, des migrants ont pris d'assaut le poste frontière entre le Maroc et la ville enclavée espagnole de MelillaImage : Javier Bernardo/AP/dpa/picture alliance

Les images ont fait le tour du web. Plusieurs dizaines de migrants allongés les uns sur les autres. Certains ont du sang sur le corps. D'autres inertes, soit état de choc, soit décédés. Des jeunes hommes, pour la plupart originaires d'Afrique subsaharienne, encerclés par les forces de sécurité marocaines devant la barrière de Melilla et attendant leur refoulement.

Refoulés et maltraités

C'est ce qui est arrivé à Adil, un Érythréen de 22 ans : "Les autorités nous ont amenés là, mais je ne sais pas où c'est : aucune idée du lieu. Avec mes amis, on a posé la question, mais je ne connais pas cet endroit où on nous a déposés."

Après des heures de bus, Adil réalise qu'il a été refoulé dans le grand Rabat, à plus de 500 km au sud-ouest de Nador. Un refoulement somme toute assez classique, mais accompagné d'après lui, de mauvais traitements.

"Moi, personnellement, j'ai été frappé dans l'après-midi du 24 juin. Les policiers marocains nous ont battus, nous les migrants, avec une grande violence. Oui, c'était vraiment très violent. J'ai reçu des coups de matraque."

Ecoutez le reportage de Robin Dussenne

Des amis toujours portés disparus

Adil s'en est sorti avec quelques bleus et contusions. Son ami, Mohamed Hamed, lui aussi Érythréen, affirme avoir perdu connaissance pendant quatre heures, suite à la violence des coups. Les deux jeunes hommes sont aujourd'hui sans nouvelles de plusieurs amis, interpellés par la police. 

Mohamed Hamed réfute d'ailleurs en bloc la version du gouvernement espagnol selon laquelle, ce drame serait dû à des réseaux de traites d'être humains"J'ai entendu sur plusieurs chaînes de télévision marocaines que ce qui s'est passé à Melilla a été orchestré par des mafias. Non ce n'est pas ça, Je suis un simple immigrant érythréen qui recherche un pays sûr. J'ai fui la dictature militaire et le service militaire en Érythrée… Nous ne sommes pas de la mafia, nous sommes des migrants, l'État marocain se trompe en disant ça."

Surnommé "vendredi noir", le 24 juin restera une date gravée à jamais pour sa violence inouïe. Les associations de droits de l'homme et d'aide aux migrants ont réclamé l'ouverture d'une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur ces événements