Les migrants africains déçus du "rêve européen"
5 août 2019La fatigue se lit sur le visage de Barnabas, assis dans un bar, une bouteille de soda à la main. Ce Nigérian de 22 ans s'apprête à partir vers l’aéroport. Il y a trois ans, il s’est rendu en Libye via le désert en espérant rejoindre l’Europe.
Il a ensuite risqué sa vie sur la Méditerranée pour rejoindre la "terre promise", selon ses propres mots. Une terre qui n’a pas tenu ses promesses. Déçu, Barnabas n’a qu’une chose en tête : rentrer chez lui.
"J'espérais avoir une bonne vie ici, je pensais pouvoir travailler et soutenir ma mère. Mais ce que j'imaginais est vraiment différent de ce que j’ai vécu. C’est pour cela que je veux rentrer. Il n’y a pas de travail ici en Italie. En plus, je n’ai pas de papiers. Souvent je suis obligé de mendier. Ce que je ne faisais pas quand j’étais dans mon pays", explique-t-il.
Bernabas a dépensé 1.600 euros pour embarquer en Libye. Sa demande d’asile a été rejetée par les autorités italiennes. Mais ce coiffeur de profession espère pouvoir continuer à travailler dès son retour.
Precious, un autre Nigérian, a lui aussi rejoint l’Italie en traversant la Méditerranée. Il n’a jamais obtenu le titre de réfugiés et ne pouvait pas travailler non plus.
"Restez où vous êtes"
Malgré la politique très restrictive de Rome en matière d'accueil des migrants, le nombre de réfugiés tentant la route de l'Italie est en augmentation ces dernières semaines. Au cours des dix derniers jours, près de 150 personnes ont ainsi débarqué sur les côtes italiennes.
Precious, qui a décidé de rentrer, déconseille vivement aux autres Africains restés en Libye de faire comme lui.
"Mon message à ceux qui veulent aller en Europe est le suivant : réfléchissez et ne prenez pas cette décision. Restez où vous êtes. Ils pensent qu’ils auront une vie meilleure et plus facile, de l'argent et tout. Mais ils ne connaissent pas la réalité. Je leur conseille de ne pas venir", lance-t-il.
Ces retours ont été rendus possibles grâce à la coopération établie entre le Conseil italien pour les réfugiés, plusieurs ONG et les autorités nigérianes.
La Méditerranée demeure la voie la plus meurtrière au monde pour les migrants. L’an dernier, 2.262 personnes ont trouvé la mort ou sont portées disparues lors de leur tentative de traversée, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés.