Des élections locales à portée nationale
15 mai 2017En Allemagne, les militants du SPD, le parti social-démocrate, font grise mine. Et pas seulement ceux de Rhénanie du Nord-Westphalie où leur formation, qui était au pouvoir, s'est fait détrôner par la CDU d'Angela Merkel aux régionales d'hier. Non, tous les sociaux-démocrates d'Allemagne craignent désormais de perdre aussi les élections législatives du mois de septembre.
Un coup dur pour le SPD
Arriver deuxième, avec seulement 31,2% des voix, soit près de 8 points de moins que lors des dernières régionales, et en plus dans son bastion traditionnel, la défaite est lourde à encaisser, pour le SPD. La CDU, elle, gagne 7 points et arrive en tête avec 33% des voix. La ministre-présidente sociale-démocrate de la région a décidé d’en tirer les conséquences. Ecoutez, en cliquant sur la photo ci-dessus, un extrait de l’allocution d’Hannelore Kraft hier soir, et tout de suite après celui qui sort vainqueur du scrutin: Armin Laschet, de la CDU, il est le nouveau chef de région.
Pour avoir la majorité au parlement régional, la CDU va devoir négocier pour trouver un partenaire, car les chrétiens-démocrates n'obtiennent ainsi que 72 sièges sur les 199 à pourvoir. Le SPD pourra envoyer 69 députés au Landtag.
Soit CDU et SPD mettent de côté leurs rivalités historiques et parviennent à additionner leurs forces en formant une coalition régionale, comme c'est le cas au niveau national.
Soit la CDU doit trouver d'autres partenaires, et là, une alliance avec les libéraux du FDP et leur 12,6% des sièges lui permettrait d'obtenir tout juste une majorité de 100 députés acquis à sa cause. Les alliances se négocient en se partageant les postes de ministres régionaux, puisque les Länder allemands sont très autonomes et que chacun dispose d'un véritable gouvernement régional, présidé par un ministre-président.
Les Verts (6,4%) et l'AfD d'extrême-droite (7,4%) sont les deux seuls autres partis qui ont obtenu plus de 5% des voix et pourront donc siéger au parlement de Rhénanie du Nord-Westphalie. A gauche, die Linke n'a pas passé la barre fatidique (4,9%).
Augures pour le 24 septembre
A quatre mois des législatives, puisque le 24 septembre on élit les députés du Bundestag, les rapprochements entre les partis au niveau régional sont des signaux envoyés aux électeurs. Des signaux d'autant plus importants que la majorité au Bundestag détermine le choix du chancelier ou de la chancelière.
Après les élections d'hier, et deux autres défaites récentes dans d'autres régions, le SPD n'a manifestement pas le vent en poupe et craint de ne pas parvenir à convaincre les électeurs d'ici septembre avec son candidat à la chancellerie Martin Schulz, qui avait pourtant soulevé une vague d'engouement au moment de sa nomination – mais la vague Schulz est retombée.
Le SPD va devoir définir dans les prochains mois un cap plus précis, qui se démarque davantage du programme de la CDU pour convaincre sur sa gauche et retrouver son vivier traditionnel. Mais l'argument du « tout social » n'a pas marché durant la campagne en Rhénanie du Nord-Westphalie. Ou alors le SPD devra opérer un mouvement vers le centre pour tenter de séduire les électeurs du FDP.
Au regard des rapports de force actuel aucun autre politicien d'aucun autre parti ne semble en mesure de faire ombrage à la CDU… sous la bannière de qui celle qui se verrait bien pour la quatrième fois chancelière se nomme… Angela Merkel.