Côte d'Ivoire : difficile dialogue politique
11 décembre 2020"Provocation", c’est en effet le terme utilisé par le porte-parole du Rhdp en réponse au dialogue national proposé par l’ancien président, Henri Konan Bédié, également chef de file de l’opposition.
Pour Kobenan Adjoumani qui animait une conférence de presse ce jeudi, l’opposition est toujours dans la logique de la sédition et de la remise en cause de l’ordre constitutionnel né de la présidentielle du 31 octobre 2020.
Béma Fofana est député membre du Rhdp. Pour lui, "ils ont fait tuer des Ivoiriens et demandé d'empêcher par tous les moyens la tenue des élections. Les Ivoiriens sont cependant allés voter à plus de 50 %. Après les élections, le président Ouattara a tendu la main à l'opposition, une discussion a commencé et aujourd'hui monsieur Bédié ressort avec d'autres subterfuges. Ils veulent juste créer le chaos. Il faut être ferme."
Au nom de la paix
Mercredi (09.12.2020), Henri Konan Bédié avait demandé l’organisation d’un grand dialogue national qui réunirait toute la classe politique ainsi que les forces vives de la nation. Ce dialogue devrait déboucher sur l’élaboration d’une nouvelle Constitution et d’une nouvelle présidentielle.
Le pouvoir rejette donc cette propositionet parle de provocation, ce que regrette Danièle Boni-Claverie, présidente de Union Républicaine pour la Démocratie, l'un des partis de l’opposition. "C'est une réponse épidermique. Le parti au pouvoir ne devrait pas répondre du tac au tac. C'est lui qui pour le moment gouverne et c'est donc à lui de savoir prendre le recul nécessaire s'il a des objectifs de vouloir réconcilier les Ivoiriens et ramener la paix dans les coeurs", dit l'opposante.
Nouvelle Constitution
Pour Danièle Boni Claverie, il importe aujourd’hui de se retrouver et s’accorder sur une nouvelle Constitution. "Il faut maintenant que la nouvelle Constitution ne permette plus une quelconque interprêtation, à savoir qu'il n'y a la possibilité que de deux mandats pour le président de la République. Il faut qu'on se penche également sur une véritable séparation des pouvoirs. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous devons réfléchir ensemble et trouver un consensus", explique Danièle Boni Claverie.
L'élection présidentielle du 31 octobre s'était déroulée dans un climat de tension, l'opposition ayant appelé au boycott du scrutin et à la désobéissance civile . Au moins 85 personnes ont trouvé la mort dans les violences liées à ce scrutin. Le climat politique s'est cependant apaisé depuis la rencontre le 11 novembreentre le président Ouattara et Henri Konan Bédié. Mais pour certains analystes, le feu couve toujours.