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Coup de chaud au Parlement européen

11 février 2010

Les eurodéputés ont dit non aux Etats-Unis : les autorités américaines ne pourront plus avoir accès aux coordonnées bancaires des citoyens européens dans le cadre de la lutte contre le terrorisme

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Logo de la société Swift : basée près de Bruxelles, celle-ci gère les flux financiers de 240 banques dans le monde
Logo de la société Swift : basée près de Bruxelles, celle-ci gère les flux financiers de 240 banques dans le mondeImage : picture-alliance/ dpa

Au nom de la lutte contre le terrorisme, l’administration américaine avait accès, depuis des années, aux coordonnées bancaires des citoyens européens. Une situation à laquelle les eurodéputés ont mis un terme en votant contre l’accord Swift. Il va donc falloir désormais préciser certains points sensibles qui ont trait au respect des libertés individuelles. Notamment pour ce qui concerne la durée de la conservation de ces données bancaires.

Mais au-delà des détails c’est surtout le geste qui compte : le Parlement a joué un vrai rôle d’organe démocratique en refusant de se soumettre aux directives des états membres et de la Commission qui étaient favorables à la poursuite de la coopération avec les Etats-Unis. Ce qui supposait le transfert des données bancaires aux autorités américaines. Le Groupe des conservateurs au Parlement européen a tenté au dernier moment de repousser le vote mais en vain : les eurodéputés ont dit non aux Etats-Unis et l’accord n’existe plus.

Un motif de satisfaction pour tous les opposants à cet accord comme l’eurodéputé néerlandaise Sophia In’t Veld. Elle est membre du parti libéral et nous a confié sa réaction juste après le vote au Parlement de Strasbourg.

Sauver le soldat grec

De gauche à droite : Jean Claude Trichet, Jose Manuel Barroso, Angela Merkel, George Papandreou, Nikolas Sarkozy et Herman Van Rompuy à leur arrivée à Bruxelles pour le sommet européen
De gauche à droite : Jean Claude Trichet, Jose Manuel Barroso, Angela Merkel, George Papandreou, Nikolas Sarkozy et Herman Van Rompuy à leur arrivée à Bruxelles pour le sommet européenImage : AP

L’autre grande information européenne de la semaine c’est le sommet informel, jeudi, des chefs d’état et de gouvernement de l’Union européenne qui se sont retrouvés à Bruxelles pour chercher comment relancer la croissance en Europe et donc affronter la crise. Or, c’est d’abord un autre sujet qui s’est invité : comment sauver le soldat grec ?

Petit rappel de l’Histoire : la Grèce a falsifié ses statistiques pour masquer le montant de son déficit public et lorsque le pot aux roses a été découvert, on s’est rendu compte que ce déficit apporchait les 13% de son Produit intérieur brut. Ce qui est donc largement au-dessus de la barre des 3% autorisés. Là-dessus, les marchés financiers ont retrouvé leur jeu favori : c’est-à-dire faire des paris pour gagner de l’argent rapidement. Et ils ont parié sur le « dévissage » de la Grèce qui ne pourrait pas rembourser sa dette et serait obligé de sortir de la zone euro. Un scénario catastrophe bien sûr dont les Européens ne veulent pas. Comme ils ne veulent pas non plus que les experts américains du FMI volent au secours de la Grèce car ce serait une véritable humiliation pour l’Europe.

Une fois encore : le rôle de l'Allemagne sera décisif dans le sauvetage financier de la Grèce
Une fois encore : le rôle de l'Allemagne sera décisif dans le sauvetage financier de la GrèceImage : Bilderbox / DW / Montage

Mais les partenaires européens ont commencé par hésiter et gagner du temps, histoire de faire comprendre à Athènes qu’il fallait donner de véritables garanties pour que ceux-ci acceptent de mettre la main à la poche. Finalement, comme toujours dans ces cas-là, ce sont les Allemands qui vont payer. Pas tous seuls puisque la France a joué un rôle important dans ce sauvetage qui prendra donc la forme de prêts bilatéraux accordés à la Grèce. Car le Traité de Maastricht, qui avait instauré l’euro, interdit justement aux banques centrales de porter secours à un mauvais élève de la zone euro.

L’ironie de l’histoire c’est que ce sont les Allemands qui avaient insisté pour avoir cette clause car ils ne voulaient pas devoir payer pour les dettes des autres. Au final c’est exactement ce qu’il s’est passé. Mais la réputation internationale de l’euro vaut bien aujourd’hui de signer un gros chèque pour les Grecs.

Travailleurs précaires

Manifestation du syndicat DGB : plus d’un employé sur cinq est un travailleur précaire en Allemagne
Manifestation du syndicat DGB : plus d’un employé sur cinq est un travailleur précaire en AllemagneImage : AP

Le dossier de notre édition ouvre le troisième volet de notre série sur la pauvreté en Europe. 2010 est l’année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. 80 millions de citoyens européens vivent en dessous du seuil de pauvreté.

C’est le cas par exemple des travailleurs pauvres en Allemagne où plus d’un employé sur cinq aujourd’hui y est un travailleur précaire. C’est-à-dire une personne qui a un travail, voire deux parfois, et qui malgré cela ne peut vivre dignement de cette activité. Ces personnes payent le prix de la dérégulation du marché de l’emploi.

Un reportage d’Isabelle Hartmann.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot