Chronique des points saillants de la crise sécuritaire au Mali
Aux urnes ce dimanche 29 juillet, les Maliens élisent leur nouveau président dans un contexte sécuritaire fragile. Tout a commencé en 2012 lorsqu’une rébellion touareg éclate dans le Nord du pays.
2012-2018 : une période mouvementée au Mali
Petit retour en arrière : le 22 mars 2012, les militaires prennent le pouvoir à Bamako et annoncent avoir renversé le régime du président Amadou Toumani Touré (photo), l'accusant d'être un "régime incompétent" dans la lutte contre la rébellion et les groupes islamistes dans le Nord. C'est Amadou Sanogo, chef de la junte malienne, qui prend le pouvoir.
La France intervient militairement avec l'opération "Serval"
Le 11 janvier 2013, la France intervient militairement, en partenariat avec la Cédéao dans le cadre de l'opération "Serval", contre les groupes islamistes qui contrôlent le Nord du Mali et progressent vers le Sud. Cette force sera remplacée en 2014 par l'opération Barkhane, toujours dans l'optique de combattre les djihadistes qui contrôlent la région du Sahel.
Le premier attentat-suicide du pays
Le 8 février 2013, le premier attentat-suicide de l'histoire du Mali a lieu dans le nord du pays à Gao, visant des militaires maliens. L'attaque est revendiquée par le Mouvement pour l'unicité du jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Alors qu'à Bamako, des militaires maliens attaquent le camp d'une ancienne unité d'élite de l'armée.
Lancement officiel de la Minusma
La Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) est officiellement lancée le 1er juillet 2013. Elle remplace la Mission africaine de stabilisation du Mali et doit contribuer à assurer la paix et la sécurité, encore fragiles dans le pays, avec le déploiement des Casques bleus : 12.600 militaires et policiers.
Ibrahim Boubacar Keita : le nouveau président du Mali
Le 4 septembre 2013, Ibrahim Boubacar Keita remporte la présidentielle face à son adversaire Soumaïla Cissé. Selon les résultats officiels, il a été élu avec 77,61% des voix. Les principaux défis à relever : paix, sécurité et réconciliation nationale, ainsi que les enjeux sociaux.
Elections législatives 2013 : aucun parti n'atteint la majorité
Plus de 1000 candidats partent à la conquête des suffrages des Maliens pour pourvoir à 147 sièges de députés au parlement lors de la campagne électorale officielle pour les législatives du 24 novembre 2013. Suite aux résultats provisoires des législatives publiés quatre jours plus tard, aucun parti ou coalition de partis n'atteint la majorité.
L'Allemagne soutient le Mali
Le président Ibrahim Boubacar Keita est reçu à Berlin par la chancelière allemande, Angela Merkel, le 11 décembre 2013 afin de réaffirmer les relations entre les deux pays.
2015, une année meurtrière
Le 7 août, treize personnes sont tuées lors d’une prise d’otages à l’hôtel Byblos à Sévaré, dans le centre du Mali. Le 20 novembre, un attentat contre l'hôtel Radisson Blu fait plus de 20 morts à Bamako. Quelques mois plus tôt, en mars 2015, c'est le restaurant-bar La Terrasse dans la capitale qui était attaqué, faisant cinq morts.
Accord d'Alger : réconciliation entre le gouvernement malien et les groupes armés
Un accord de paix est officiellement signé le 15 mai à Bamako par le gouvernement du Mali et les principaux groupes rebelles sous une médiation internationale. Cependant, plus tard, les violences entre mouvements armés signataires de l’accord de paix dans la région de Kidal menacent cet accord et mettent son application en péril.
Manifestation violente contre les autorités intérimaires
Au moins trois personnes sont tuées à Gao le 12 juillet 2016, dans le nord du Mali, lors d’une manifestation de jeunes contre la mise en place des autorités intérimaires dans le nord du Mali.
Le procès Sanogo
Le procès de l'ex-putschiste Amadou Haya Sanogo, responsable du coup d’État de 2012, commence le 30 novembre 2016 à Sikasso. Arrêtés en novembre 2013, Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés doivent s'expliquer sur l'exécution de vingt et un "bérets rouges".
Montée de violence dans le Nord du pays
Le 18 janvier 2017, un attentat suicide revendiqué par Al-Mourabitoune, un groupe affilié à Aqmi, Al-Qaida au Maghreb Islamique, fait plus de 70 morts dans une caserne militaire de Gao, ville située dans le Nord-est. Le dimanche 22 janvier, trois soldats maliens périssent lorsque leur véhicule saute sur une mine entre Gao et Tombouctou. En moins d’une semaine, le Mali est frappé deux fois.
Élections 2018 : Les manifestants réclament des élections libres et transparentes
Le 8 juin 2018, plusieurs milliers de manifestants battent le pavé à Bamako, exigeant des élections libres et transparentes au Mali. À l'appel de l'opposition et de la société civile, les manifestants donnent de la voix dans une atmosphère calme sous l'encadrement des forces de sécurité qui font preuve de retenue après la répression de la précédente marche.
31ème sommet de l'UA : l'Afrique continue sa lutte
Le 2 juillet 2018, plus de vingt chefs d’Etat prennent part à Nouakchott au 31ème sommet de l’UA. Le sommet se place sous le signe de la lutte contre la corruption au moment où perdurent les conflits sur le continent.
G5 Sahel : Emmanuel Macron se rend en Mauritanie
Le président Français Emmanuel Macron se rend dans la capitale mauritanienne de Nouakchott où prend fin le sommet de l'UA, au lendemain d'une nouvelle attaque contre la force conjointe du G5 Sahel à Gao. Avec cinq Chefs d'Etat du G5 Sahel, Macron évoque les questions securitaires de la région.
24 candidats à la présidentielle du 29 juillet
La campagne électorale en vue de la présidentielle du 29 juillet a commencé le 7 juillet et dure jusqu'au 27 à minuit. 24 candidats sont officiellement entrés en campagne, dans un contexte sécuritaire instable. Au cas où aucun candidat n’obtiendrait la majorité absolue au premier tour, un second tour est prévu le 12 août 2018.
En 2012, le régime du président Amadou Toumani Touré est renversé. Depuis, le Mali est sous état d'urgence. La lutte contre la rébellion et les groupes islamistes dans le Nord prend une dimension internationale avec l'intervention de la France et le lancement de la mission de l'ONU Minusma. Alors que le pays renouvelle son équipe dirigeante le 29 juillet 2018, des tensions intercommunautaires s'ajoutent au terrorisme toujours présent sur le territoire depuis quelques années. Retour sur les dates-clés, de l'éclatement de la crise à l'élection présidentielle du 29 juillet.