Faustin Archange Touadéra : "président à vie" ?
31 mai 2023A la tête de la RCA depuis 2016, réélu en 2020, Faustin Archange Touadéra est né dans une famille modeste dans la banlieue de Bangui, dans le quartier Mandaba, situé dans le quatrième arrondissement de la capitale centrafricaine.
Le professeur de mathématiques a dirigé l'Université de Bangui. Mais son parcours politique est marqué par sa nomination, par l’ancien président François Bozizé, au poste de Premier ministre en 2008.
En l'absence d'une Assemblée nationale élue, Faustin Archange Touadéra devient alors de fait la deuxième personnalité du pouvoir jusqu'à l'accord de paix de Libreville, signé la même année entre les groupes armés, le pouvoir et les forces vives de la nation.
Depuis le 30 mars 2016, Faustin Archange Touadéra dirige la République centrafricaine et s'est éloigné de François Bozizé, aujourd'hui en rébellion contre le pouvoir de Bangui.
Il s’est mis à dos une bonne partie de la classe politique qui l'avait soutenu en 2016. A l'époque, il s'est présenté comme le candidat des pauvres. Or, la pauvreté s'est accrue durant ses deux mandats.
Exploitation des ressources minières
Le président est aussi accusé par ses adversaires de brader les ressources naturelles et minières du pays aux mercenaires russes du groupe Wagner.
C’est ce qu’affirme le député de l’opposition, Joseph Bendounga.
"M. Touadéra veut diriger la République centrafricaine éternellement. Et ce petit professeur d'université se transforme, aujourd'hui, en dictateur parce qu'il est soutenu par les mercenaires du groupe Wagner. Et il veut devenir le Poutine de la RCA. Son seul souci, c'est de lever le verrou qui impose deux mandats à un président de la République", insiste M. Bendounga.
Débat autour du troisième mandat
Eric Sorongope, ancien ministre des Finances, est l’homme de l'ombre de Faustin Archange Touadéra. Il estime qu'aujourd'hui, le président a rempli tous les critères nécessaires pour consulter le peuple, malgré l'arrêt de la cour Constitutionnelle qui avait jugé inconstitutionnelle toute tentative de réformer le nombre de mandats présidentiels.
"Je crois que le président peut convoquer le corps électoral en référendum. C'est prévu par la Constitution. Il y avait eu un certain nombre de normes qui n'avaient pas été remplies. Et toutes ces normes-là ont été remplies. L'Assemblée nationale a voté une loi modifiant les dispositions législatives liées au référendum" , dit-il au micro de la DW à Bangui.
Malgré l’hostilité des partis de l'opposition, le président Touadéra a donc décidé de maintenir ce projet, sous la pression de son entourage, selon Karl Blagué, coordinateur national du G16 qui regroupe les organisations de la société civile opposées au projet de nouvelle Constitution.
"Il nous rappelle le professeur Alpha Condé, l'ancien président de Guinée. Un grand professeur qui est aussi tombé dans le piège du troisième mandat avec l'influence de son entourage. Touadéra veut être chassé du pouvoir par une insurrection populaire ou par une insurrection militaire."
Réélection controversée
Réélu en 2020 avec seulement 17% du corps électoral, dans des conditions sécuritaires chaotiques, le président Faustin Archange Touadéra dirige un pays où la corruption est devenu endémique, malgré la présence des forces militaires de la Minusca et des alliés russes de Bangui.
C'est dans un contexte politico-sécuritaire tendu que l'ancien professeur de mathématiques souhaite donc remettre le compteur à zéro afin de pourvoir briguer un troisième mandat, et peut-être même un quatrième.