Campagne électorale sous haute sécurité à Buea au Cameroun
3 février 2020Des véhicules de la police et de la gendarmerie appuyés par des agents de la brigade d'intervention rapide sont visibles à plusieurs endroits stratégiques de la Buea située au pied du Mont Cameroun.
Fusils de guerre en bandoulière, les forces de sécurité surveillent systématiquement les passages qui mènent au lieu de rassemblement où des militants du candidat du parti au pouvoir se sont rassemblés pour battre campagne.
Tout au long de la route, des femmes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir sont mobilisées : vêtues de pagnes frappés de l'effigie du président Paul Biya qui dirige le pays depuis 1982, elles chantent et dansent.
De l'autre côté de la ville, sur un petit marché, des militants du parti d'opposition, le Social Democratic Front (SDF) sont également munis du drapeau vert et blanc du parti fondé par John Fru Ndi.
Malgré les menaces d'insécurité qui planent sur ce double scrutin dans les régions anglophones du Cameroun, Derick Ekona, activiste et membre du SDF reste confiant :
"Il y a toujours des menaces comme vous le savez. On prend des risques mais on prend des risques vraiment calculés parce que si tous ces gens restent à la maison comment vont-ils nourrir leur famille ? Il faut que les gens sortent et il faut que l’on donne la confiance aux gens, qu'on va changer le système pour assurer beaucoup mieux la sécurité des personnes".
L'espoir d'un retour rapide à la paix
Dans l'Ouest anglophone le dialogue national s'est pourtant envolé avec la reprise des combats entre armée et indépendantistes. Et les premières victimes sont évidemment les civils, explique Ebenezer Akonga, habitant de Buea :
"Tous les gens sont en brousse, mais on ne sait pas comment ça va se passer. On a défriché, on a tout fait pour que les gens viennent en ville mais ils ne viennent pas. Maintenant quand on dit qu’il y a des élections le 9 février on ne sait pas comment cela va se passer"
Les sécessionnistes restent droits dans leurs bottes
Après avoir fait preuve d'intransigeance durant des mois, le président Biya s'était enfin décidé en octobre dernier, sous la pression internationale, à organiser un grand dialogue national pour "résoudre" la crise. D'après les conclusions, un statut spécial devrait être accordé aux régions anglophones.
Mais plus de deux mois après, les recommandations du dialogue ne sont toujours pas appliquées, regrette Malomba Esembe, candidat aux élections législatives :
"Le statut spécial pour ces deux régions est déjà une loi promulguée par qui de droit. Maintenant la tâche revient à nous, nous tous, citoyens de ce pays, d’appliquer ces lois et de faire en sorte qu'à travers les termes de cette loi la paix revienne par ici".
Selon les organisations non gouvernementales, il serait très difficile d'organiser des élections dans des régions où près d'un million de personnes ont fui les violences alors que Maurice Kamto, le principal opposant au régime de Paul Biya, appelle au boycott tant qu'il y aura des conflits dans les régions anglophones.