Au Burkina, la ville de Djibo est menacée par la famine
6 octobre 2022L'un des catalyseurs du putsch de vendredi dernier (30.09.2022) a été l'attaque du convoi de ravitaillement, le 26 septembre à Gaskindé par des djihadistes, et qui a fait 37 morts dont dix civils. Huit mois plus tôt, un autre raid avait tué 57 gendarmes dans un camp à Inata.
Une attaque qui a précipité le putsch de janvier dernier avec, à sa tête, le lieutenant-colonel Damiba. Mais depuis le putsch de janvier, les attaques islamistes sont en hausse au Burkina Faso.
La sécurité, une priorité pour les Burkinabè
Pour Ousmane Amirou Dicko, émir de la région du Liptako, à cheval entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, il faut un Etat réformé, capable de garder le contrôle de son territoire.
‘'Le plus grand défi que nous avons c'est le défi sécuritaire, mais aussi le défi alimentaire, humanitaire… il y a beaucoup de choses. On voit ce qui a amené de façon récurrente les gens à se remplacer au pouvoir, c'est trois choses : l'insécurité, la misère des personnes déplacées internes ou même de la population en général, ce sont aussi des disfonctionnements politiques et si nous restons avec ces disfonctionnements politiques, j'ai bien peur que la démocratie ne soit pas de mise.''
Plusieurs villes du pays sont inaccessibles en raison de l'insécurité. Comme celle de Djibo, chef-lieu de la province de Soum. Les ponts qui mènent à Djibo ont été détruits par les groupes armés
''Nous sommes dans une situation très délicate''
Plusieurs routes sont minées et quand les véhicules ne sautent pas sur un explosif, ils risquent l'embuscade. Ali Tamboura, natif de Djibo et porte-parole du conseil provincial de la jeunesse de la province du Soum, nous dit que la population manque de tout.
‘'Nous sommes dans une situation très délicate, au moment où je vous parle nous enregistrons au moins dix enfants décédés suite à la famine. Ce que nous attendons vraiment des nouvelles autorités est que la route soit rapidement dégagée afin que nos commerçants et nos parents puissent se déplacer sans danger. Nous ne voulons rien d'autres que ces derniers puissent regagner Djibo afin que la population puisse trouver de quoi manger.''
L'aide humanitaire
La ville de Djibo, qui n'avait pas vu de convoi de ravitaillement routier arriver depuis une quarantaine de jours, a été ravitaillée hier mercredi par hélicoptère. Selon l'armée, 70 tonnes de nourriture y ont été acheminées pour pallier l'urgence.
La colère face à l'insécurité chronique dans certains pays d'Afrique de l'Ouest a ouvert la voie aux militaires qui ont chassé les gouvernements élus au cours des deux dernières années. Mais pour l'instant, la sécurité que les dirigeants militaires avaient promise aux populations du Burkina Faso semble bien loin.