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À Bujumbura, une école accueille des enfants des rues

Antéditeste Niragira
20 novembre 2024

Financée par une fondation basée en Bulgarie, la Heha Happy school accueille des enfants qui vivaient auparavant dans des dépotoirs de la plus grande ville burundaise.

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Heha Happy School à Bujumbura au Burundi
Parmi les matières enseignées, les langues dont le français et le russe ont une place importanteImage : Antéditeste Bujumbura/DW

Nichée au nord-ouest de Bujumbura, l'école Heha Happy School, qui existe depuis cinq ans, est une source d'espoir pour une centaine d'écoliers, retirés des dépotoirs pour être scolarisés dans cet établissement. 

Cette année, 112 enfants y sont inscrits et apprennent le français, l'anglais et le russe. La prise en charge est totale : éducation, nourriture, hébergement et soins de santé. 

Agée de 14 ans et native du nord du Burundi, Jennifer Bikorimana est en cinquième année. "Au dépotoir d'immondices, nous ramassions le charbon de bois, les objets métalliques, les restes de pommes de terre et de bananes", raconte-t-elle. "Donc nous prenions les restes jetés. Certains étaient revendus, mais les pommes de terre, nous les cuisinions pour manger."

Prise en charge totale

L'histoire est la même pour la centaine d'écoliers de cet établissement. Inscrit en quatrième année, Bonheur Ndayizeye ne connaît ni ses parents, ni son âge. Au micro de la DW, il se souvient de sa vie d'avant, dans le dépotoir : "Je dormais sur du plastique et me couvrai de pièces de cartons. Actuellement, je dors dans un bon lit et je mange jour et nuit, même le matin, je prends le petit déjeuner, contrairement à avant."

Le reportage en audio

Les enfants suivent le plus souvent leurs parents dans la fouille des dépotoirs. Pour convaincre les enfants de ne plus vivre dans des tas d'ordures, il faut donc conscientiser leurs parents. C'est le cas d'Immélde, 46 ans : elle est chargée du nettoyage à la Heha Happy School, où sont désormais inscrits ses trois enfants.

"La vie était dure", reconnait-elle. "J'étais incapable d'assurer l'éducation des enfants, les nourrir et les vêtir. Ils souffraient du kwashiorkor suite à la malnutrition … maintenant, je vais bien. Je suis reconnaissante car j'ai même été embauchée"

Préoccupation nationale

L'éducation par l'art pour des ex-enfants de la rue au Burundi

Mais il n'y a pas que les enfants dans les décharges. Environ 5.000 enfants vivraient dans les rues de Bujumbura. Une préoccupation nationale et une source d'insécurité.

Sylvestre Havyarimana est le coordinateur de l'association Retour à la vie, qui s'engage pour l'éducation de ces enfants et s'efforce de leur faire quitter la rue.

"Normalement, ce n'est pas convaincre, c'est vivre avec eux", dit-il. "Nous avons pris l'initiative, je leur ai montré l'amour, l'attention, parce qu'il en ont besoin. Parmi eux, il y en a qui n'ont ni père ni mère, donc pas d'éducation. On a commencé à jouer à différents jeux, on est devenu amis et je leur ai proposé de venir à l'école."

La musique, la photographie, la couture et les jeux sont des activités proposées aux élèves après les cours de la Heha Happy School. 

Financé par la fondation Children must live, basée à Sophia en Bulgarie, l'établissement manque de moyens, mais il entend récupérer encore au moins 200 enfants qui vivent toujours dans les décharges de Bujumbura. Sa vision est : "zéro enfant au dépotoir".