Bons baisers de la Guerre froide
9 décembre 2011Derrière la façade de la Russie d'aujourd'hui, l'héritage des tsars et de l'Union soviétique est presque intact, commente le Hamburger Abendblatt : les structures autoritaires et opaques du Kremlin, la méfiance envers le peuple et le besoin de tout contrôler. La démocratie, quand elle existe, est manipulée. Comme avant, celui qui remporte les élections n'est pas celui qui obtient le plus de voix, mais celui qui les compte. Vingt ans après la fin de l'URSS, Moscou est de nouveau à la croisée des chemins : retourner à un train d'enfer vers un régime dictatorial ou poursuivre sur la voie, à peine entamée, de l'ouverture et de la démocratie.
Ce qui se passe en Russie est étonnant, écrit Die Welt. Le pouvoir est relativement stable, les finances de l'Etat relativement solides, le plus grand fournisseur public de devises, Gazprom, enregistre des gains records. Lorsque dans ces conditions, des élections législatives entraînent un mouvement de protestation, cela signifie que quelque chose ne tourne pas rond dans cet Etat. Mais malgré les ressemblances avec la révolution ukrainienne de 2004, il ne faut pas s'attendre à un changement de gouvernement en Russie, prévient le journal.
Pour la Süddeutsche Zeitung, le régime de Vladimir Poutine n'a rien d'autre à offrir qu'une rhétorique de la Guerre froide et le recours à la brutalité et à l'intimidation pour se maintenir au pouvoir. Les forces libérales du pays savent qu'on est encore loin d'une révolution. On ne peut espérer qu'à long terme voir s'effriter le pouvoir des antidémocrates. Mais il faudra encore beaucoup de gens courageux et beaucoup de sacrifices, estime le quotidien.
Peut-être que Vladimir Poutine sent le mécontentement gronder dans son pays, analyse la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C'est peut-être pour cela qu'il emploie des mots aussi durs envers les Etats-Unis et qu'il accuse les manifestants d'être à la solde de forces étrangères. Et puisqu'on n'est pas à une audace près pour détourner l'attention des problèmes internes : c'est peut-être pour cela que Vladimir Poutine choisit la confrontation avec les Occidentaux en menaçant à nouveau de déployer son arsenal contre le projet de bouclier antimissile de l'Otan. La véhémence des attaques et les menaces militaires devraient donner à réfléchir au gouvernement d'Obama, conseille la F.A.Z. Le nouveau départ des relations américano-russes, célébré en grande pompe, n'a pas servi à grand-chose.
Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Sébastien Martineau