Trois ans après le putsch, un conflit endeuille la Birmanie
1 février 2024Apparemment, l'appel de l'opposition birmane à rester chez soi pour protester de manière "silencieuse" contre les généraux a été largement suivi.
Dans le centre-ville, autour des bâtiments de style colonial, une forte présence militaire quadrillait le secteur, ancien épicentre des manifestations réclamant le retour de la démocratie.
Plus de 4.400 personnes ont été tuées dans la répression ayant suivi le coup d'Etat, selon un groupe local de surveillance.
Des élections incertaines
La junte, une nouvelle fois, a repoussé sa promesse d'organiser des élections. Elle a prolongé hier pour six mois supplémentaires l'état d'urgence en place depuis le putsch.
Les militaires ont conditionné la tenue du scrutin au retour à la stabilité, mais aujourd'hui, le pays est déchiré par un violent conflit qui oppose l'armée et ses opposants, sans qu'une issue pacifique ne se profile à l'horizon.
Les combats ont provoqué le déplacement de plus de deux millions de civils, ont précisé les Nations unies.
Près de la frontière chinoise, trois groupes ethniques ont réussi à capturer des villes et des routes stratégiques pour le commerce avec la Chine, via une attaque coordonnée, fin octobre, qui a posé un défi militaire d'une ampleur inédite depuis le putsch.
L'armée a justifié sa prise de pouvoir en évoquant des fraudes lors des législatives de 2020, remportées haut-la-main par le parti du Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. Des accusations dépourvues de fondement, selon des observateurs.
Retour à la démocratie
"En ce sombre anniversaire, le secrétaire général souligne l'urgence d'ouvrir la voie à une transition démocratique avec un retour à un régime civil", a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, dans un communiqué.
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a assuré mercredi (31.01.2024) que l'armée fera "tout ce qui est nécessaire" pour vaincre les "terroristes", mais une récente série de revers a fragilisé sa position vis-à-vis de ses troupes.
La situation des droits humains en Birmanie ne cesse de se dégrader, ont rappelé les Nations unies. "Les tactiques militaires ont toujours été axées sur le châtiment des civils qu'ils considèrent comme soutenant leurs ennemis", a souligné le Haut-Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, Volker Türk.
La junte a brûlé des villages, procédé à des exécutions sommaires et utilisé des bombardements aériens et des frappes d'artillerie pour punir les communautés refusant son pouvoir, ont dénoncé des organisations des droits humains et des opposants.
L'armée a également ciblé les médias jugés critiques, en révoquant des autorisations de diffusion ou en emprisonnant des dizaines de journalistes.
En 2023, la Birmanie a été considérée comme la deuxième prison au monde pour les journalistes, juste après la Chine, avec 43 journalistes derrière les barreaux, selon le Comité pour la protection des journalistes.