Angela Merkel en Algérie pour parler économie et migration
17 septembre 2018Coopération économique mais aussi migration : deux points essentiels à l'agenda de la visite d'Angela Merkel aujourd'hui lundi 17 septembre en Algérie. Les échanges commerciaux entre Berlin et Alger sont faibles et cette situation est appelée à changer avec la nouvelle politique africaine de l'Allemagne. Enfin, Berlin veut classer l'Algérie dans la catégorie des pays dit "sûrs" pour ce qui concerne les demandeurs d'asile.
Si l'Algérie entre dans cette catégorie de "pays sûrs", cela aura comme conséquence que les migrants algériens qui demandent l'asile en Allemagne seront considérés comme n'ayant pas de problèmes chez eux et leur expulsion s'en trouvera simplifiée. L'Allemagne espère ainsi apporter une solution à la crise migratoire qui affaiblit politiquement la chancelière.
Les migrations, un sujet inévitable donc pour Angela Merkel en Algérie. Mais le pays est-il vraiment sûr ? Barbara Lochbihler a un doute. La porte-parole des eurodéputés verts pour les questions des droits de l'homme estime même qu'on ne peut parler de pays sûr. "Si on tient compte des critères d'un pays sûr, à savoir l'application de la loi dans le pays concerné, la situation politique en général, on ne peut pas considérer l'Algérie ainsi."
Angela Merkel sous pression à cause de sa politique migratoire jugée trop laxiste cherchera à conclure avec les autorités algériennes un accord pour le retour des demandeurs d'asile algériens recalés, même si cela n'est pas évident. L'Algérie comme d'autres pays ne se montre pas intéressée par un tel accord. Selon le social démocrate Stephan Weil, président de l'Etat de Basse Saxe, des raisons économiques, notamment les transferts d'argent effectués par les migrants vers leur pays d'origine, expliquent cette réticence.
Peu d'exportations allemandes en Algérie
L'économie encore, ou comment augmenter la valeur des échanges entre l'Allemagne et l'Algérie. Un autre sujet de poids dont Angela Merkel discutera avec le président Abdelaziz Bouteflika et le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
Dans les importations de l'Algérie, l'Allemagne n'arrive qu'à la cinquième place derrière la Chine, la France, l'Italie et l'Espagne tandis que les exportations algériennes vers l'Allemagne sont insignifiantes. Le pays dépend quasi exclusivement de la vente du pétrole et du gaz. Et les investisseurs se plaignent de la bureaucratie dans les autres secteurs tels que le tourisme.
Plus d'un Algérien sur quatre âgés de moins de trente ans est au chômage. Ce qui fait dire à Aliu Haddad, le patron du plus grand regroupement des entreprises en Algérie, que le pays a besoin d'une économie qui innove.
Coopération sécuritaire
Coopération économique mais aussi sécuritaire sont au programme. L'Algérie est de loin le pays le plus grand de la région. Sa stabilité à côté du chaos libyen est un enjeu stratégique pour les Européens. Mais la député des Verts Barbara Lochbihler se veut prudente à cause de la répression des voix critiques. "Je pense qu'une meilleure collaboration dans la lutte contre le crime organisé est nécessaire. Mais étant donné que le gouvernement algérien a accru la répression contre sa propre population, l'Allemagne doit faire très attention", met en garde la député.
Il y a un an et demi, ce voyage aurait déjà dû avoir lieu. Mais à cause d'une bronchite aigue du président Abdelaziz Bouteflika, la chancelière allemande a été contrainte d'annuler son départ. Le président de 81 ans souffre toujours des séquelles d'un AVC survenu il y a cinq ans qui lui impose de se déplacer en fauteuil roulant.