Soupçons d'empoisonnement de jeunes écolières en Afghanistan
5 juin 2023En Afghanistan, des dizaines d’élèves de deux écoles auraient été empoisonnés ce week-end dans le nord du pays. Il s’agit en majorité de filles. Certains enfants ont été transportés à l’hôpital, mais tous seraient dans un état stable. L’attaque présumée n’a pas été revendiquée.
Difficultés respiratoires, des yeux irrités et des nausées : une rancune personnelle aurait motivé ce présumé empoisonnement, selon un responsable local, qui ne donne toutefois pas plus de détails. Les informations dont on dispose sont maigres et il ne faudrait pas tirer de conclusions hâtives.
Il reste que l’évènement n’est pas sans rappeler un cas similaire en 2012, lorsque quelque 150 filles, toujours dans le nord de l’Afghanistan, avaient été empoisonnées en buvant de l’eau intentionnellement contaminée.
Ou encore en 2015, lorsque près de 600 écolières avaient été hospitalisées à travers la région d’Hérat, dans l’ouest du pays. Plusieurs écoles étaient concernées, là aussi les filles se plaignaient de nausées et d’essoufflement. Elles auraient inhalé un gaz toxique.
Exclusion des filles de la sphère publique
Enfin, on pense également aux nombreuses attaques à l’acide contre des lycéennes ou des étudiantes perpétrées par ceux qui sont opposés à l’éducation des filles.
Si ce genre d’intimidations et d’agressions se sont poursuivies sous le précédent régime démocratiquement élu, le retour des talibans a marqué celui d’une politique basée sur l’exclusion quasi systématique des filles et des femmes de la sphère publique.
Pour la cheffe de la Mission d’assistance de l’Onu, "l’Afghanistan sous les talibans reste le pays le plus répressif au monde en ce qui concerne les droits des femmes".
Des centaines d’intoxications en Iran
Pour la scolarisation des jeunes filles, cela se traduit par la suspension, toujours pas levée malgré les promesses du pouvoir, de l’enseignement secondaire depuis bientôt deux ans. Et depuis la fin de l’année dernière, les universités sont interdites aux femmes.
Enfin, cette affaire fait penser à la récente vague d’intoxications en Iran. Si chez le voisin, l’éducation y est obligatoire pour tous, des centaines de cas d’empoisonnement au gaz et d’hospitalisations ont été signalés ces derniers mois dans des établissements scolaires réservés aux filles, alors même que le régime cherche à mater la contestation pour les droits des femmes.