Affrontements entre la police et la Renamo au Mozambique
5 avril 2013Cette attaque dans la province de Sofala survient quelques heures après une descente de police dans les locaux de la Remano et l'arrestation par les forces de l'ordre de 15 membres de l'opposition. Depuis quelques mois, les relations entre le parti au pouvoir, le Frélimo et le Renamo, son ancien adversaire dans la guerre civile se sont fortement dégradées. L'an dernier, Afonso Dhlakama, chef de la Renamo menaçait déjà de reprendre les armes malgré l'accord de paix signé à Rome en 1992. Dans ce contexte, l'attaque survenue hier à Muxungé a fait monter la tension d'un cran. La Renamo se sent exclue de la vie politique au Mozambique. Pour elle, le gouvernement ne laisse aucune place à l'opposition. C'est ce qu'explique Sultan Mussá, de la Fondation Konrad Adenauer au Mozambique :
« Le gouvernement n'a pas pris le dialogue avec la Renamo au sérieux. Il n'est d'ailleurs pas obligé de le faire puisque selon la Constitution et l'accord de paix de Rome, le dialogue doit avoir lieu au parlement. Mais la Renamo faiblement représenter ne peut pas peser sur les décision. C'est pour ça qu'elle prône un dialogue séparé avec le gouvernement. Mais le gouvernement n'a pas satisfait ce souhait. La Renamo se tient de plus en plus à l'écart de la scène politique. Pourtant, le parti de Dhlakama aurait pu s'imposer face au Frélimo depuis la fin de la guerre. Lors des élections de 1999, les premières depuis l'accord de paix de Rome signés sept ans plus tôt, la Renamo avait remporté presque la moitié des voix.
Mais les électeurs urbains se sont de plus en plus éloignés du parti, et en particulier de la personne de Dhlakama. Le chef s'est d'ailleurs lui-même isolé un temps dans le nord du pays. Résultat, la Renamo n'a obtenu que 16% des voix aux élections de 2009. Récemment, le parti a appelé à boycotter les élections municipales prévues en novembre prochain. Le secrétaire général de la Renamo, Manuel Bissopo demande plus de transparence :
« La Renamo n'acceptera pas que ces élections aient lieu s'il n'y a pas de contrôle libre et transparent du processus électoral. Nous ne participons pas, même si on en sera victime. »
Malgré la guerre civile et l'affaiblissement de son économie, le Mozambique connait aujourd'hui une très forte croissance grâce aux gisements de charbon et d'hydrocarbures découverts récemment. Des ressources dont le Frelimo a su profiter pour se maintenir au pouvoir.