Abdallah al-Senoussi arrêté en Mauritanie
19 mars 2012Dans son mandat d’arrêt, la CPI estime qu’Abdallah al-Senoussi fait partie de ceux qui portent « la plus grande responsabilité pénale des crimes contre l’l’humanité » commis en Libye dans la répression de la rébellion en 2011.
Responsable d'« actes inhumains »
Il faisait partie du cercle intime de Mouammar Kadhafi. Abdallah al-Senoussi aurait participé à des attaques contre les manifestants et il aurait participé activement à la planification de la répression, aux côtés du guide libyen et de son fils Saïf al-Islam. La CPI a donc émis un mandat d’arrêt international contre les trois hommes en juin 2011. Deux chefs de crimes contre l’humanité ont été retenus contre Abdallah al-Senoussi : meurtres et persécutions de civils, par l’intermédiaire de l’appareil d’Etat libyen. Les forces de sécurité sous ses ordres ont notamment commis des « actes inhumains » lors de la répression à Benghazi et Misrata, pour reprendre le qualificatif employé par la CPI.
C’est donc cet homme de 62 ans qui a été interpellé vendredi nuit à Nouakchott, alors qu’il entrait dans le pays par un vol régulier, en provenance de Casablanca, vraisemblablement muni d’un faux passeport malien. Il serait passé au Niger puis au Mali après la chute de Tripoli en août dernier.
Enquête mauritanienne
Depuis son arrestation en Mauritanie, Abdallah al-Senoussi est interrogé par la sûreté d’Etat, dans un endroit tenu secret. Les autorités mauritaniennes ont en effet ouvert une enquête, à laquelle elle associera Interpol, l’organisation internationale de la police criminelle. C’est seulement après cette enquête que les autorités de Nouakchott examineront les demandes d’extradition qui lui ont été envoyées – par Paris, la CPI et la Libye. Cette dernière a fait savoir qu’elle souhaitait juger elle-même al-Senoussi. La Libye et la Mauritanie n’ont pas d’accord bilatéral de coopération judiciaire, mais elles ont signé toutes les deux la convention d’assistance judiciaire qui lie les membres de la Ligue arabe. Le premier vice-Premier ministre libyen, membre de la délégation du CNT qui s'est rendue aujourd'hui à Nouakchott, a répété la volonté de son pays de juger Abdallah al-Senoussi. Il a déclaré: « Nous tenons à récupérer Senoussi, parce que cet homme a commis des crimes contre les Libyens, le peuple libyen. Il doit en répondre en Libye, devant la justice libyenne ».
Ecoutez ci-dessous le point sur ces trois options juridiques qui se présentent aux autorités de Nouakchott avec Maître Brahim Ebety, avocat au Barrreau de Mauritanie.
Auteur: Sandrine Blanchard
Edition: Konstanze von Kotze