A Berlin, pas de nouvel accord sur la politique migratoire
10 septembre 2024En Allemagne, un nouveau sommet sur la politique migratoire a eu lieu ce mardi (10.09) à Berlin entre la coalition gouvernementale, l’opposition conservatrice et les dirigeants des régions. Résultat : les divergences persistent et aucun accord n’a été trouvé.
Les conservateurs veulent à tout prix un mécanisme pour pouvoir refouler des migrants aux frontières allemandes, quitte à invoquer une situation d’urgence nationale pour se soustraire au droit européen sur l’asile.
Après l’annonce la veille de Berlin de mettre en place des contrôles à toutes les frontières terrestres de l’Allemagne à partir de la semaine prochaine et pour six mois, il s’agissait ce mardi d’aller encore plus loin, pour trouver des voies légales susceptibles d’étendre les refoulements aux frontières aux demandeurs d’asile.
Les conservateurs claquent la porte
La ministre de l’Intérieur a fait une proposition, pour accélérer les expulsions en facilitant les détentions des personnes qui se présentent à la frontière, mais dont la demande d’asile incombe à un autre pays européen. La police aurait la capacité de questionner la personne et de demander un mandat d’arrêt.
Les règles européennes prévoient que c’est le pays par lequel une personne est entrée dans l’UE qui est responsable du traitement de sa demande de protection.
L’enjeu d’une détention est de ne pas perdre la trace de la personne obligée de quitter le territoire, et de mener à bien son expulsion.
Lors du triple meurtre de Solingen, l’auteur, un demandeur d’asile syrien débouté, devait être expulsé vers la Bulgarie. L’homme aurait été introuvable au moment de son expulsion.
Mais cette proposition ne satisfait pas les conservateurs. Ils ont même décidé de claquer la porte, dénonçant un gouvernement "incapable d’agir et sans leadership".
Des voisins européens mécontents
En attendant, et malgré ce flou, les voisins de l'Allemagne ont réagi. Hier soir déjà, l’Autriche expliquait qu’elle ne reprendra pas de demandeurs d’asile refoulés à la frontière.
Et aujourd’hui, la Pologne dénonce comme “inacceptable” l'annonce du renforcement des contrôles. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a plutôt plaidé pour "une plus grande participation des pays, y compris de pays comme l'Allemagne, à la surveillance et à la sécurisation des frontières extérieures de l'Union européenne".
Donald Tusk veut contacter les autres voisins de l’Allemagne pour une réponse coordonnée aux ambitions de Berlin.
La Commission européenne a également mis en garde contre des contrôles excessifs aux frontières. Bruxelles plaide pour des mesures "proportionnées" et qui doivent rester "exceptionnelles".