50 ans d'indépendance pour l'Ouganda
10 octobre 2012La perle de l'Afrique, c'est le nom que l'ancien premier ministre britannique, Winston Churchill avait donné à l'Ouganda. Mais depuis, la perle a perdu son éclat. Après les régimes de terreur d'Idi Amin Dada et Milton Obote, le président Yoweri Museveni est au pouvoir depuis 26 ans. Des élections ont été organisées l'an dernier mais selon les observateurs, elles n'ont été ni libres ni transparentes. Sarah Tangen est la directrice de la fondation allemande Friedrich-Ebert à Kampala. Elle observe la situation politique avec scepticisme : « Il est important de comprendre que le système politique en Ouganda n'est pas une démocratie, mais une pseudo démocratie avec des accents d'autoritarismes. La police est militarisée et très brutale. Elle s'est rangée du côté du gouvernement et non de la population. Elle est très corrompue et a une mauvaise image au sein de la population. Il y a toute une multiplicité d'organisations paramilitaires qui sont en marge de la loi. »
La lutte continue
Lors de sa prestation de serment en 1986, Yoweri Museveni déclarait que le problème de l'Afrique, c'était ces chefs d'Etat qui demeuraient longtemps au pouvoir et qui encourageaient l'impunité, la corruption et le népotisme. Et aux journalistes qui lui disaient qu'il pourrait en faire autant, voici ce qu'il répondait :
« La lutte continue ! Depuis 1971, je suis dans la lutte. Nous avons lutté pendant 16 ans! Et vous attendez de moi que j'abandonne maintenant en pleine lutte ? La lutte aujourd'hui ce n'est plus dans le maquis mais au sein du gouvernement. Je ne parle pas de pouvoir mais de lutte. »L'opposition complice
Si Yoweri Museveni est encore au pouvoir c'est aussi grâce à la complicité de l'opposition. Une opposition divisée et en manque de visions politiques. Son chef de file, Kizza Besigye a du mal à mobiliser les Ougandais lors des manifestations contre la cherté de la vie, la corruption et les inégalités sociales. Pour Kizza Besigye, si des progrès ont été faits dans les domaines de l'économie et des infrastructures, ce n'est pas le cas au plan politique :
« 50 ans après son indépendance, l'Ouganda se trouve, malheureusement, encore à la croisée des chemins. Au cours de ces 50 ans, nous n'avons pas réussi la transition vers la démocratie et vers une société stable. En 50 ans, aucun chef d'Etat n'a remis pacifiquement le pouvoir à un autre. »
En Ouganda, les droits démocratiques sont pourtant garantis par la constitution mais leur application pose problème. La police n'hésite pas en effet à empêcher les différentes manifestations de l'opposition.